L’Observatoire international des prisons (OIP) revient à la charge concernant le centre pénitentiaire de La Talaudière. « Malgré la rénovation d’une partie des locaux, les personnes détenues demeurent soumises à des conditions de vie attentatoires à la dignité humaine, comme ont pu le constater ces derniers mois le bâtonnier du barreau de Saint-Étienne et la députée Andrée Taurinya après une nouvelle visite. »

Cours de promenade saturées de déchets

Ont été pointés du doigt « la vétusté du quartier femmes, ainsi que d’une partie du quartier hommes : douches collectives insalubres, toilettes non suffisamment cloisonnées, fenêtres détériorées qui ne garantissent pas l’isolation thermique des cellules, murs rongés par l’humidité. De même, un état d’insalubrité répugnant est constaté : cours de promenade saturées de déchets, espaces de circulation empestant l’urine de rats, salles d’attente de l’unité sanitaire aux murs souillés de traces d’urine et autres déjections séchées. L’état des équipements électriques dans certaines cellules fait courir des dangers supplémentaires, tout comme l’absence de système d’alarme dans les douches collectives, dans un contexte de violence alimenté par la suroccupation des locaux.

L’OIP rappelle que « dans la Loire comme ailleurs, la surpopulation explose. Au 1er septembre 2025, on comptait 425 personnes incarcérées pour 263 places. Ce taux d’occupation de 161,6 % nécessite de faire dormir plusieurs dizaines de personnes sur des matelas posés à même le sol, parfois à proximité immédiate des toilettes, dans des cellules exiguës. L’année 2025 a aussi été marquée par les suicides de deux jeunes hommes de 26 et 29 ans à la prison de la Talaudière ».

Déjà une décision en 2023

L’association a engagé un nouveau référé-liberté (procédure d’urgence) contre la prison stéphanoise, l’audience est annoncée au tribunal administratif de Lyon le mardi 4 novembre à 14 heures. « Face à la surpopulation et l’état catastrophique des prisons françaises, le silence du garde des Sceaux résonne plus fort que les alertes répétées des juridictions, des associations et des institutions de contrôle ».

En 2022, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté tirait la sonnette d’alarme concernant le centre pénitentiaire de Loire Sud. Depuis, les alertes se multiplient. La députée LFI Andrée Taurinya en a fait un cheval de bataille. En mars 2023, le juge des référés du tribunal administratif de Lyon a sommé l’administration d’agir concernant le parafoudre de l’établissement ainsi que la fourniture régulière aux personnes détenues de produits de nettoyage. En mai suivant, le Conseil d’État a ordonné sept mesures en urgence, dont la réduction du risque incendie et électrique et l’amélioration des conditions d’hygiène. En début d’année, une avocate stéphanoise a fait reconnaître par un jug e, dans deux cas, le « caractère indigne » des conditions de détention à La Talaudière. L’administration pénitentiaire n’a pas souhaité faire de commentaire.

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