

La campagne de vaccination contre la grippe a à peine commencé que les chiffres s’envolent déjà. Selon le ministère de la Santé, plus de 1,7 million de Français ont été vaccinés depuis le coup d’envoi de la campagne; le 14 octobre. A la même époque, l’an dernier, à peine 1,3 million de personnes avaient fait la démarche vaccinale.
De son côté, le GERS Data (Groupement des entreprises de l’industrie pharmaceutique) fait état de plus de 2,1 millions de doses délivrées en quelques jours. Soit une hausse de 36 % par rapport à l’an dernier à la même période ! Un démarrage en trombe, qui traduit une mobilisation bien plus forte qu’attendue. Autre chiffre instructif, sur les 1,7 million de Francais vaccinés, plus des trois quarts (77%) ont plus de 65 ans.
Résultat, en pharmacie, les files d’attente s’allongent. Sur le terrain, les professionnels constatent que les personnes à risque, mais aussi des publics plus jeunes, viennent spontanément se faire vacciner. Un signe encourageant pour le professeur Bruno Lina, éminent virologue, président du Biocluster BCD2I, qui impute cette dynamique à une prise de conscience plus large du danger que représente la grippe. Mais l’ancien membre du Conseil Scientifique COVID-19 estime que ce ce regain d’intérêt pour la vaccination est le fruit d’un travail collectif : une offre vaccinale élargie, une communication plus claire et l’implication constante des pharmaciens, médecins et infirmiers.
Grippe : qu’en est-il de la campagne de vaccination lancée il y a deux semaines ?
Le professeur de virologie, Bruno Lina @M.Briel
“On sent aujourd’hui qu’un certain nombre de personnes à risque — puisque ce sont surtout elles qui se sont fait vacciner, mais pas uniquement — ont pris conscience que la grippe pouvait être un vrai problème, un problème sérieux. Ainsi, l’an dernier, on a recensé environ 17 000 décès imputables directement à la grippe.
Il y a donc une double prise de conscience : la grippe, ce n’est pas anodin et le vaccin permet de réduire ce risque.
Et dès qu’on réussit à faire passer ce message, on voit apparaître un effet d’entraînement. D’autant plus que cette année, l’offre de soins s’est élargie, avec davantage de types de vaccins disponibles. Les pouvoirs publics communiquent, comme chaque année, et surtout, les professionnels de santé se sont pleinement engagés dans cette campagne.
Tout cela combiné crée une vraie dynamique positive. Il faut maintenant aller jusqu’au bout, et continuer à augmenter le taux de vaccination de manière significative. Parce que, même si on observe une hausse de plus de 30 %, ça n’est pas suffisant pour atteindre les objectifs de santé publique qui sont de 75% de vaccinés chez les groupes à risque. Mais la tendance est bonne, même très encourageante. Donc il faut la renforcer autant que possible.”
Vaccination contre la grippe : qui sont ces personnes à risques ?
“On a trop souvent tendance à considérer la vaccination contre la grippe comme la vaccination des vieux. C’est très réducteur. En réalité, si on recommande de commencer à se vacciner à partir de 65 ans, c’est justement parce qu’on est encore en bonne santé à cet âge-là, et que la vaccination contribue à la préserver.
On fait bien du sport pour rester en forme. Alors, pourquoi ne pas se faire vacciner pour rester en bonne santé. Se faire vacciner, ce n’est pas un signe de faiblesse, bien au contraire !
Et puis, la vaccination contre la grippe protège au-delà de la maladie elle-même. Elle réduit le risque d’infarctus du myocarde, de troubles respiratoires aigus, d’exacerbations d’asthme ou de bronchite chronique, et même d’accident vasculaire cérébral. On réalise de plus en plus que les effets bénéfiques du vaccin dépassent largement la simple prévention de la grippe.“
“Au delà de la maladie infectieuse, on se prémunit contre d’autres maladies chroniques”
“Les cardiologues l’ont bien compris. Et, par analogie, c’est la même logique avec la vaccination contre le Covid. On sait qu’un hypertendu a deux fois plus de risques de développer une forme grave que quelqu’un qui ne souffre pas d’hypertension.
Donc, il faut que l’hypertendu soit vacciné contre le Covid mais aussi contre la grippe. Ça fait partie des messages qu’il faut diffuser. Au-delà de la simple prévention contre la maladie infectieuse, le vaccin prémunit contre d’autres maladies chroniques délétères.
C’est notamment le cas pour les plus âgés avec l’accident vasculaire cérébral, l’infarctus du myocarde et l’évolution vers la démence. On sait que la vaccination contre la grippe diminue ces risques.“
À SAVOIR
Pour la saison 2023-2024, la couverture vaccinale contre la grippe restait en deçà des objectifs fixés par les autorités de santé. Elle était estimée à 47,1 % parmi l’ensemble des personnes à risque. Chez les 65 ans et plus, le taux atteignait environ 53,7 %. Fin 2024 la couverture vaccinale était de 42,9 % pour l’ensemble des publics ciblés, confirmant une tendance à la stagnation malgré les efforts de mobilisation.


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