Ce mardi, les patrons de la NRL et quelques dirigeants de Super League ont tenu une réunion afin de parler de l’avenir du championnat anglais.
En début d’année, à Las Vegas, le propriétaire de Wigan, Mike Danson, et le propriétaire de Warrington, Simon Moran, avaient tenu une réunion avec les dirigeants de la NRL. Le principal sujet était un possible partenariat entre la Super League et la NRL. Puis les rumeurs se sont amplifiées, avec une possible prise de part (33 %) des Australiens dans la Super League contre un contrôle administratif complet de la compétition. L’objectif : développer le rugby à XIII international.
Alors que les Kangaroos se déplacent en Angleterre pour une série de trois test-matchs, c’est l’occasion de réunir du beau monde afin de rediscuter de cette possibilité. Le directeur général de la NRL, Andrew Abdo, le président de l’ARLC, Peter V’landys, les représentants de Hull FC, de Wigan, de Warrington, ainsi que le directeur exécutif principal de la RFL, Nigel Wood, ont organisé une réunion ce mardi.
La question de la Super League qui vient de passer à 14 clubs est rapidement venue sur le tapis. La NRL, elle, voyait et voit plutôt une réduction à 10 clubs dans un premier temps. Lors de la réunion, Peter V’landy’s a clairement mis en garde la Super League sur cette expansion. Pour lui, ce n’est pas raisonnable au niveau financier au vu des revenus générés principalement par le diffuseur Sky. Il a aussi indiqué qu’il faudrait un changement au niveau de la gouvernance, avec une instance indépendante qui prendrait des décisions pour le bien global du sport et non les intérêts particuliers, contrairement à aujourd’hui où ce sont les clubs qui prennent les décisions majeures. Une participation de la NRL ne se ferait qu’avec ce changement.
V’landys a sorti des mots forts :
Pour l’instant, tout ce que nous avons fait, c’est analyser la viabilité financière et je constate que le projet va droit dans le mur s’ils n’obtiennent pas les revenus de diffusion dont ils ont besoin pour soutenir une compétition à 14 équipes. Tout revient à la finance, car les investisseurs cesseront de sortir de l’argent de leurs poches pour éponger des pertes. C’est ce qu’il va se passer à court terme, à moins qu’ils ne puissent augmenter les revenus de diffusion.
Mais a aussi indiqué son ambition sur le développement du rugby à XIII mondial :
Nous voulons que l’Angleterre soit forte. Si nous voulons avoir un match mondial, nous avons besoin que l’Angleterre soit aussi forte que possible. Nous ne voulons pas les voir flétrir, nous voulons les voir réussir. C’est le seul intérêt que nous avons à être ici : nous les voulons forts. Ce n’est pas dans notre intérêt de les voir foncer dans le mur.
Nous ne sommes pas ici pour gagner de l’argent ou pour prendre le contrôle. S’il y a un moyen d’aider, alors nous aiderons, mais nous ne sommes pas ici pour nous imposer à qui que ce soit ou faire partie de quoi que ce soit. Nous sommes ici pour écouter et, espérons-le, être en mesure d’aider.
Les dirigeants australiens ont aussi rencontré IMG en début de semaine. La société américaine indépendante est en partenariat avec la Super League à très long terme (12 ans) pour aider la ligue à grandir et à se développer. IMG qui a connu son premier court-circuitage avec le passage à 14 clubs. Ce voyage en Australie leur a aussi permis de rencontrer le directeur général de DAZN, le service de streaming sportif, présent au stade Wembley lors du premier test match.
Les deux camps semblent contents de ces discussions et souhaitent continuer à échanger mais les philosophies semblent différentes. La NRL pense global et stabilité financière quitte à réduire le nombre de clubs pour profiter au mieux des revenus et développer un produit de qualité à vendre aux diffuseurs. La Super League, dirigées par les clubs, prend en compte les intérêts de chacun et construit son championnat en espérant qu’investisseurs et diffuseurs les suivent.
Les mots de la fin de Peter V’Landys :
Ils ont le plus beau jeu du monde, donc ils ont le produit. Aujourd’hui il faut le marketer et le vendre. Trouver la nouvelle génération de spectateurs et téléspectateurs. C’est le challenge. Mais ils n’ont pas la structure pour le moment pour faire progresser le produit. Il faut se concentrer sur le viabilité financière et la structure, ou sinon les joueurs ne seront pas payés à leur juste valeur et certains clubs gagneront beaucoup moins d’argent que les autres.
Des mots qui résonnent sur notre situation en France également. Mais l’intérêt général du « produit » rugby à XIII peut-il l’emporter sur un continent européen où règnent les clubs depuis toujours et leurs poursuites de titres et de réussite les uns sur les autres ?