La fausse morille, parfois confondue avec
des espèces comestibles, pourrait être responsable de plusieurs cas
graves de sclérose latérale amyotrophique, selon une nouvelle
étude.
Une menace invisible pourrait
bien se cacher dans nos forêts. La fausse morille, un
champignon
toxique pourtant encore cueilli, fait l’objet d’un
signalement préoccupant : elle serait impliquée dans plusieurs cas
de maladie de
Charcot, selon une étude scientifique en cours relayée par
Sud Ouest. Connue
pour sa ressemblance avec des variétés prisées par les amateurs de
cueillette, cette espèce, aussi nommée gyromitre, contient une
molécule
dangereuse, la gyromitrine. Elle est déjà reconnue pour
ses effets nocifs sur le foie. Mais de nouvelles données
scientifiques évoquent désormais un impact potentiel sur le
système
nerveux.
La morille incriminée dans la
maladie de Charcot
La
fausse morille appartient à la famille des Ascomycètes et pousse dans les
zones boisées de plusieurs régions françaises, notamment à la
sortie de l’hiver ou au printemps. Ce qui inquiète, c’est sa
ressemblance avec des espèces comestibles, notamment la
morille vraie,
très prisée des gastronomes.
La toxicité de la gyromitrine
est connue depuis longtemps pour provoquer des troubles digestifs
sévères, des atteintes
hépatiques, voire des comas. Mais ce sont de nouvelles
observations cliniques, en lien avec des neurologues et des chercheurs spécialisés
dans les maladies neurodégénératives, qui soulèvent aujourd’hui une
possible corrélation avec
la SLA, aussi appelée maladie de Charcot.
Fausse morille et maladie de
Charcot, une corrélation géographique selon cette étude
Ce sont les travaux de
scientifiques
suisses qui sont à l’origine de cette piste. Ils ont
identifié chez plusieurs patients atteints de SLA un
passé de consommation de
gyromitres, souvent mal identifiés et cuisinés sans
précaution. « Il y a une
corrélation géographique entre les cas et les zones où l »on
consomme la fausse
morille« , avance le neurologue Antoine Duval, cité par
Sud Ouest.
Les chercheurs soupçonnent que
l’exposition répétée à de faibles doses de gyromitrine pourrait
jouer un rôle dans le développement de la maladie. « Nous ne pouvons pas encore parler de cause
directe, mais les éléments concordants sont troublants »,
ajoute le même spécialiste. Ces résultats provisoires ont été
présentés lors d’un congrès européen et font désormais l’objet
d’analyses
approfondies.
Fausse morille, champignons
toxiques : faut-il interdire la cueillette sauvage ?
Face à cette hypothèse
inquiétante, certains experts réclament déjà une
meilleure
réglementation autour de la vente et de la cueillette de
champignons. Car la fausse
morille, malgré ses risques connus, est encore autorisée à la
vente dans plusieurs pays européens, sous condition de cuisson
spécifique.
En attendant, les spécialistes
insistent sur la nécessité de sensibiliser les amateurs de
champignons aux dangers de la confusion. « Même séchée ou cuite, la gyromitrine peut
ne pas être totalement éliminée », rappelle le professeur
Duval. La prudence reste donc de mise pour tous ceux qui
s’aventurent en forêt.