Fatiha, 92 ans, n’a pas eu le temps de finir son assiette de lentilles lahdess ce midi du jeudi 30 octobre. De retour du sous-sol d’un des snacks de la rue des Récolettes, le commissaire Vincent Dariet sonne, d’un « Messieurs dames, on ferme l’établissement », la fin des agapes. Estomaquées, Zahia et Salima posent fourchettes et couteaux, mais s’offusquent : « Vous permettez que Maman finisse de manger ? ».
Une demi-douzaine de snacks ont dû baisser le rideau à l’issue d’une nouvelle opération Jumbo menée dans le quartier Belsunce. Blandine Fraysse »C’est pour votre sécurité alimentaire »
Dans le sillage des policiers et des personnels des services d’hygiène qui ont investi ce restaurant du 1er arrondissement de Marseille, la préfète de police déléguée fait œuvre de pédagogie auprès des deux filles de Fatiha qui assurent fréquenter l’établissement depuis 40 ans pour y déguster brochettes et chorba : « C’est pour votre sécurité alimentaire mesdames » assure Corinne Simon qui, en ce jeudi 30 octobre, supervise une nouvelle déclinaison des opérations Jumbo dans l’hypercentre de Marseille.
Bouclée d’un bout à l’autre par les CRS, la rue des Récolettes a vu tous ses commerces visités de fond en comble par les policiers et les services d’hygiène de la direction départementale de la protection des populations des Bouches-du-Rhône (DDPP). En plein coup de feu, trois snacks ont dû baisser le rideau après les observations et surtout les prises de température effectuées par les agents des services d’hygiène.
Abattages clandestins
Carcasses d’agneau à la provenance douteuse, « vraisemblablement issues d’abattages clandestins » pronostique la préfète de police, égouts béants dans la pièce où l’on fait la cuisine, viandes entreposées à des températures jusqu’à 30 degrés au-delà de celles auxquelles les denrées alimentaires périssables doivent être maintenues… Les motifs de fermeture n’ont pas manqué dans le quartier Belsunce où les descentes organisées et coordonnées entre services de police, des douanes, de l’Urssaf, de la protection des populations et des finances publiques se multiplient ces derniers mois, ciblant tour à tour barber shops, magasins de téléphonie, hôtels et enseignes de restauration.
Rue des Récollettes, les clients de 3 snacks ont dû interrompre leur déjeuner et abandonner leurs assiettes suite à la fermeture de l’établissement. Blandine Fraysse »Ces piques ont déjà servi. C’est scandaleux »
Rue des Récolettes, trois restaurants ont été fermement invités à baisser le rideau et à détruire sans coup férir sardines grillées, boulettes d’agneau, foie mariné et autres cœurs de mouton. Devant les vitrines manifestement moyennement réfrigérées, la préfète de police observe les piques brunies de sympathiques brochettes : « Cela indique que les piques ont déjà servi. Je vous laisse imaginer par quoi elles sont déjà passées lorsque vous les sucez… ».
La pression policière s’est accrue ces derniers mois dans le centre-ville de Marseille et en particuliers autour du cours Belsunce. Blandine Fraysse
Au total ce jeudi 30 octobre, ce sont six snacks qui ont été fermés. Deux procédures pour travail dissimulé ont également été engagées. Parallèlement, 8 étrangers en situation irrégulière, 3 vendeurs à la sauvette et 1 individu en possession d’une arme ont été interpellés.