Sept militants d’ultragauche, âgés de 19 à 33 ans, étaient jugés pour violences volontaires aggravées et vol à l’encontre de deux étudiants en droit, par le tribunal correctionnel de Rennes, ce jeudi 24 avril. Renvoyée une première fois il y a un mois, l’audience se tenait sous bonne garde des forces de police qui redoutaient des débordements. Un rassemblement de soutien aux cinq prévenus, avait lieu sur le parvis du tribunal judiciaire avant l’audience. Une centaine d’étudiants y ont pris part.

Le 27 février, deux étudiants qui se rendaient en cours à la fac de droit avaient été violemment pris à partie rue Jean-Macé, par des jeunes qui manifestaient contre les coupes budgétaires à l’université. Un groupe d’une vingtaine de personnes cagoulées s’était dirigé vers les deux étudiants en les invectivant. Membre du syndicat étudiant de l’Uni et membre du rassemblement national, Elouan avait pris des coups de parapluie dans les côtes et la tête. Il a obtenu une ITT de deux jours. Quant à Léonard, son ami, il avait été projeté par terre et avait été roué de coups de pied notamment à la tête. Son ITT est de 5 jours. Son sac, contenant son ordinateur, son portefeuille, ses écouteurs de marque américaine, avait été dérobé.

Relaxe

Durant six heures d’audience, il a été beaucoup question de « libertés individuelles ». En effet, dès le début de l’audience, les avocats de la défense ont soulevé une nullité d’importance. Le drone dont les images ont permis d’identifier les sept prévenus n’avait pas l’autorisation de survol précisément sur le parvis de la faculté de droit. De même, les interpellations ont eu lieu cinq minutes après l’heure où l’engin aurait dû arrêter de voler. Pour Estelle Tougait, procureure « Il y a une rue en trop dans l’arrêté préfectoral, c’est une erreur dans la rédaction. Mais les faits ont été commis en flagrance. D’autres faits avaient précédé. Il n’y a aucun stratagème déloyal de la part du ministère public dans le recueil de la preuve. »

« C’est de la légitimation de la violence politique »

Pour les avocats de la défense, au contraire, la captation d’images étant nulle, c’est toute la procédure qui tombe : interpellation, procès-verbaux d’audition, etc. Valentin Le Dily, avocat des deux étudiants roués de coups, épaule le parquet. « Ces violences s’inscrivent dans une flagrance qui a démarré dès la faculté d’économie où des destructions et des vols ont été commis ». Il ajoute : « Il règne à Rennes un climat délétère où parce qu’on vous qualifie de fachos, on vous casse la tête. Un de mes clients a quand même eu un traumatisme crânien, certes léger, mais on est passé à deux doigts de la catastrophe. Je vous invite à prendre la mesure du climat qui est en train de s’installer. C’est de la légitimation de la violence politique. » L’audience se poursuit pendant des heures. Les sept prévenus gardent le silence. Peu avant 21 h, le délibéré tombe. Les sept prévenus sont relaxés. Le drone n’avait pas le droit de filmer.