Le compte n’est pas bon. Ce vendredi à 21h10, M6 proposera un nouveau numéro d’« Arnaques ! » avec, au programme, une malversation XXL. Celle mise en œuvre par la SFAM, une société spécialisée dans l’assurance de téléphones et d’ordinateurs, qui a touché des milliers de clients en France et dont le préjudice est estimé à 25 millions d’euros. Pour 20 Minutes, l’animateur du programme Julien Courbet évoque cette escroquerie hors norme à plus d’un titre.

Ce vendredi, « Arnaques ! » bouscule son format habituel pour accorder une place plus importante [de plus d’une heure] à un reportage sur une escroquerie montée par la SFAM, société spécialisée dans l’assurance de téléphones et ordinateurs. « Cette enquête est  »concernante », car on a forcément quelqu’un dans son entourage qui s’est fait avoir », assure Julien Courbet.

« Entre 8.000 et 10.000 € » de préjudice par personne

Pendant une année, les équipes de l’émission ont enquêté afin de décrypter le système tentaculaire de la SFAM. « Le principe de cette arnaque est super intelligent, concède l’animateur. Vous achetez dans une grande enseigne un portable ou un ordinateur, vous souscrivez à une assurance en cas de casse, de perte ou encore de vol, en vous disant que 10 € par mois pour une assurance, ça vaut le coup. Et, au bout d’un moment, le client va s’apercevoir que le prélèvement mensuel n’est pas unique, et qu’il a été prélevé cinq fois, avec cinq intitulés et avec des montants différents. »

Contactée par 20 Minutes, Me Emma Léoty, avocate au barreau de Paris qui ne représente pas moins de 1.200 clients dans cette affaire, indique que « le préjudice moyen est estimé entre 8.000 et 10.000 € par personne, et ce, sur cinq ans. »

Son compte bancaire était constamment à découvert

Le préjudice total de cette arnaque est, lui, estimé à 25 millions d’euros. « C’est l’une des plus belles arnaques de ces trente dernières années, fait remarquer Julien Courbet.

« On a fait le tour de France pour rencontrer des victimes », poursuit le présentateur. Parmi ces victimes, Benjamin et sa mère Agnès, à Saint-Etienne. Il y a sept ans, Benjamin achète un smartphone et souscrit une assurance affichée à 19€ les premiers mois, puis à 25€. Cinq ans plus tard, il ne comprend pas pourquoi son compte est constamment à découvert. En vérifiant ses relevés, il découvre que la SFAM lui ponctionne de l’argent plusieurs fois par mois. En théorie, Benjamin aurait dû payer 1.500€ d’assurance sur cinq ans. En réalité, il a été prélevé de 10.700 €.

Le plus jeune milliardaire de France « condamné »

Derrière ce système tentaculaire, un homme : Sadri Fegaier. A 38 ans, il est devenu le plus jeune milliardaire de France. « Il a été reçu comme un  »golden-boy » à la télévision, comme étant celui qui a lancé la start-up la plus dingue, il est même entré aux capitaux de grandes entreprises », rappelle Julien Courbet. A ce jour, et malgré les procédures (voir ci-après), Sadri Fegaier tenterait de lancer un business en Espagne.

De leurs côtés, de nombreuses victimes ont tenté de mettre fin à ces prélèvements abusifs. La justice, elle, s’est rapidement saisie de l’affaire. Me Emma Léoty indique avoir « obtenu la condamnation en décembre 2024 du dirigeant de la SFAM, M. Sadri Fegaier, et des sociétés aux pratiques commerciales trompeuses qu’il dirigeait, à deux années de prison. Il a fait appel. »

« Les clients seront remboursés » sous conditions

Ou en est la procédure pour le dédommagement des victimes ? « Les clients pourront être remboursés selon une grille de lecture assez serrée, donnée par le tribunal : il faut justifier avoir été appelé, il faut justifier avoir eu une proposition de remboursement, développe l’avocate. C’est compliqué, mais il y aura des clients remboursés par ce prisme et, encore, sous condition de solvabilité. »

Les banques sont également dans le viseur de Me Emma Léoty. « Sur le volet civil, je vais lancer une action en responsabilité contre les banques des consommateurs, car il y a un manquement de vigilance, constate-t-elle. J’engage aussi la responsabilité de MMA et de la Fnac, le procès est en cours […]. Il y a aussi une action contre l’ACPR, qui est le gendarme des courtiers, des banquiers et des assureurs, qui aurait dû bien en amont dire :  »Arrêtez de commercialiser cette assurance ». Le dossier est énorme. » Et loin d’être clos…

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« Dans le reportage de M6 diffusé vendredi, il y aura plein d’autres révélations qui seront faites, car on s’est rendu compte qu’il y a eu des tentatives de prélèvements qui ont été faites, alors que la société était déjà potentiellement en liquidation judiciaire. » Face à cette arnaque, Julien Courbet conseille de « regarder très régulièrement l’ensemble de ces comptes et les intitulés des débits. »