La chasse antifraude menée au Royaume-Uni cet automne a coupé les aides de centaines de bénéficiaires accusés à tort d’avoir quitté le pays, sur la base de données incomplètes.
Pour Lisa Morris-Almond, la première alerte est apparue à la lecture de son relevé bancaire, début octobre. La mère de famille britannique ne voit pas son allocation familiale arriver comme d’habitude, raconte-t-elle au Guardian . Elle contacte alors innocemment le HMRC, l’autorité chargée de collecter les impôts et les cotisations sociales au Royaume-Uni, qui lui explique alors qu’elle a émigré… en Norvège ! La faute au mariage d’une amie auquel elle devait se rendre à Oslo, finalement annulé. Le HMRC lui signale qu’il «n’y a aucune trace» de son retour, alors qu’elle n’est même pas partie.
La mésaventure de Lisa Morris-Almond n’est pas isolée : cet automne, 23.500 personnes ont vu leurs allocations familiales coupées au Royaume-Uni, dans le cadre d’une chasse à la fraude ordonnée par le gouvernement. Mais à cause de données incomplètes, plusieurs centaines d’entre eux ont été sanctionnés à tort, considérés comme ayant émigré après un séjour à l’étranger.
Les autorités s’excusent
Le journal britannique évoque le cas d’une autre bénéficiaire qui a perdu ses aides après être partie en vacances en avion et être revenue en Eurostar, un trajet retour manifestement pas pris en compte, les autorités semblant s’être surtout basées sur les données du transport aérien. Une autre mère de famille explique s’être vue reprocher d’avoir quitté le pays après un voyage professionnel d’une seule nuit à Amsterdam en juin 2023, alors que son enfant, pour lequel elle percevait des aides, est né au Royaume-Uni un an plus tard, en 2024.
L’affaire a éclaté après une enquête conjointe du Guardian et The Detail, qui ont montré des problèmes récurrents pour les résidents d’Irlande du Nord. Ils étaient nombreux à être considérés comme émigrés après avoir pris un avion depuis Belfast mais être revenus via Dublin, en Irlande, sans contrôle à la frontière entre les deux pays. Simon Pilbrow a décrit «un cauchemar bureaucratique» pour se faire restaurer ses aides après cinq jours de vacances à Vienne avec ses deux enfants.
Le HMRC a présenté ses excuses pour ces erreurs et affirme avoir restauré les droits de 589 bénéficiaires sur les 23.500 personnes concernées par les coupes. Ce mercredi 29 octobre, l’autorité a ajouté qu’elle «ne suspendra plus les paiements avant d’avoir vérifié la situation avec le bénéficiaire», lui donnant un délai d’un mois pour prouver qu’il est en règle. Plusieurs victimes se sont étonnées que le HMRC n’ait même pas vérifié qu’ils payaient leurs impôts et cotisations sociales au Royaume-Uni. Ces données seront désormais croisées avec celles de l’immigration, a assuré l’autorité.