CRITIQUE – Le musicien libano-canadien de 45 ans tente un retour sur le devant de la scène avec Place de Loréane, album pour lequel il a convié quelques-uns des meilleurs producteurs de musique électronique.

Tout le monde le connaît pour son morceau Femme Like U, sorti en 2004 et devenu un incontournable des playlists de fin de soirées et de boîtes de nuit. K. Maro, nom de scène de Cyril Kamar, fait partie de ces artistes dont le grand public n’a retenu qu’une seule œuvre, à l’image d’un Patrick Hernandez ou d’un Début de Soirée. Depuis plus de vingt ans, le Libano-Canadien a livré de nombreux projets, asseyant tant bien que mal de capitaliser sur le buzz de son premier tube. En vain. Beaucoup sont passés à côté de Million Dollars Boy, Perfect Stranger ou de son dernier disque en date 01.10, publié il y a plus de quinze ans.

Après une longue pause, le natif de Beyrouth – qui habite désormais au Canada – publie un quatrième album studio. Il se charge de l’interprétation, écrit les paroles et participe à la composition des onze titres qui composent Place de Loréane (Vol. 01), suggérant la publication future d’un second opus. En réalité, son album, long d’une quarantaine de minutes, compte dix morceaux, dont un remix du premier titre.


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Un voyage électrique

Place de Loréane plonge l’auditeur dans une dimension rétro futuriste où pop, électro et héritage hip-hop s’entrecroisent. L’album donne un sentiment de vitesse et de voyage, quelque part entre Blade Runner et Le Cinquième élément. Musicalement, ça ressemble à de la French Touch. Sans pour autant flirter avec les Daft Punk, indétrônables.

La liste des artistes crédités dans la section « composition » explique ce changement de ton par rapport à ses anciennes productions. Il y a d’abord le DJ Roxtar, dont le palmarès est porté par des collaborations avec Kavinsky et Skrillex. Puis, Tiery F, le binôme du Suisse Mosimane, certainement l’un des DJ les plus en vogue. K. Maro a également fait appel à Jalouse, le producteur de l’artiste congolais Pierre Kwenders, et à Airo & Nobu, duo de compositeurs du groupe de rock The 1975.

K. Maro – Feeling (2025)

Texte sincère et profond

Le chanteur canadien parvient à marier sa voix rauque et délicate aux différentes compositions qui lui ont été offertes, donnant un mix sans défaut et agréable à l’écoute. Une voix féminine, sans doute générée par intelligence artificielle, l’accompagne sur le morceau d’introduction de l’album, Imagine. Dans ses textes, K. Maro évoque plusieurs thèmes. Il parle d’amour, comme beaucoup d’artistes, mais aussi de liberté, comme dans Feeling où il chante « on s’en tape et on y va au feeling ». Il peut aussi faire appel au Devoir de Mémoire dans un autre titre au discours très intense : « C’est un devoir de mémoire […] de faire de ceux qui nous précèdent, un tableau vivant dans l’immortel. » 

Le disque cite aussi l’ascension et la réussite avec le morceau Magnolia, où K. Maro chante en français, en anglais et en espagnol. L’artiste critique l’addiction à l’alcool dans Rêver mieux, où il écrit « ivresse peut tout acquitter jusqu’à briser les chaînes de la vérité/ainsi tout est normalisé, intox fanatisée, simple formalité ». Puis, il se questionne sur la foi dans Chambre 117, « Si Dieu existe, alors pourquoi certains souffrent/Si Dieu existe, alors pourquoi certains en doute », avant de s’autoriser une référence au film Sin City de Frank Miller, où jouait le formidable Bruce Willis.

Musique électronique: comment la French Touch a conquis le monde


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Pendant quarante minutes, K. Maro tient sa ligne de conduite. Ses paroles sont sincères, sa voix est bien mieux maîtrisée qu’il y a vingt ans. Manque un zest d’explosivité et, surtout, des prises de risque. Certaines rimes sont pauvres et parfois même répétitives. On ne peut pas reprocher à K. Maro d’avoir changé de registre. Son timbre de voix se marie très bien à une composition électro. Place de Loréane fait son chemin dans les oreilles sans être désagréable. Mais sans révolutionner le genre. Suffira-t-il à donner un second souffle au Canadien ?

K. Maro – Rêver Mieux  (2005)