Par
Léa Pippinato
Publié le
31 oct. 2025 à 17h45
1995. La PlayStation fait ses premiers pas, et avec elle, un petit personnage sans bras ni jambes mais débordant de charme et de créativité : Rayman. Né à Montpellier sous l’impulsion de Michel Ancel et Frédéric Houde, Rayman est rapidement devenu l’icône d’Ubisoft et un symbole du jeu vidéo français.
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À l’occasion de ses 30 ans, Loïc Gounon, responsable de la marque chez Ubisoft, revient sur l’histoire de ce personnage inoubliable, son évolution, et les projets futurs qui le concernent.
De la PlayStation à aujourd’hui, Rayman reste un symbole fort de la créativité made in Montpellier – on en parle dans notre interview geek sur Instagram
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Rayman fête ses 30 ans. Pouvez-vous nous rappeler comment est né ce personnage ?
Rayman est né en 1995, au moment où la PlayStation faisait son entrée sur le marché. Ce qui rend Rayman particulier, c’est que, contrairement à d’autres personnages iconiques du jeu vidéo, il n’est pas issu d’un univers extérieur comme un film ou une bande dessinée. À cette époque, Ubisoft n’était pas encore le géant que nous connaissons aujourd’hui, mais plutôt un éditeur. Rayman a été le premier jeu développé en interne, marquant ainsi un tournant majeur pour l’entreprise. Ce lancement a été un véritable pari, mais le succès immédiat du jeu a confirmé que l’éditeur était prêt à se transformer en un développeur de jeux vidéo majeur. Cela a également renforcé la confiance de l’entreprise et lui a donné les moyens de se lancer dans d’autres grandes franchises par la suite, comme Assassin’s Creed ou Far Cry. Ce fut une aventure extraordinaire pour toute l’industrie.
Qui est à l’origine de Rayman ?
Rayman est le fruit de l’imagination et du travail de deux hommes : Michel Ancel, créatif de génie, et Frédéric Houde, ingénieur et programmeur passionné. Michel et Frédéric se sont rencontrés à Montpellier lorsqu’ils étaient encore adolescents. Ils partageaient la même passion pour les jeux vidéo et se retrouvaient dans les salles d’arcade locales où ils développaient déjà leurs premières démos. Après avoir travaillé ensemble sur quelques projets, ils ont décidé de tenter leur chance et ont présenté leur idée de jeu à Ubisoft en 1993. Le projet a été accepté, et après deux ans de travail, le premier Rayman est sorti en 1995. Leur complémentarité a été déterminante pour son succès : Michel apportait toute sa créativité, son sens artistique et sa vision narrative, tandis que Frédéric s’occupait de la partie technique, de la programmation et du game design.
Vidéos : en ce moment sur ActuPourquoi Rayman n’a-t-il ni bras ni jambes ? Est-ce une contrainte technique ?
Non, c’était bien un choix artistique dès le départ. En réalité, Michel Ancel a d’abord conçu Rayman en tant que personnage modulaire. C’est-à-dire qu’il l’a imaginé avec des éléments séparés : la tête, le corps, les mains et les pieds. Ce choix est venu naturellement au fur et à mesure de l’élaboration du personnage. En fait, Michel a commencé par créer la tête du personnage avant d’ajouter le reste du corps, et il s’est rendu compte que cela offrait une grande liberté d’animation. L’idée d’un personnage sans bras ni jambes a donc été une solution à la fois pratique et esthétique, permettant une animation fluide et un design plus épuré. Cette particularité est rapidement devenue un atout, car elle donnait à Rayman un look unique et facilement reconnaissable. Tout comme Mario est resté un plombier, Rayman est resté un personnage sans bras ni jambes, ce qui fait toute sa singularité.
Comment le jeu a-t-il été accueilli à sa sortie ?
Le jeu a été accueilli de manière extrêmement positive dès sa sortie. La presse spécialisée a immédiatement salué son animation fluide, ses couleurs vives et sa sensation de dessin animé. Ce qui a particulièrement marqué les critiques, c’est la qualité de l’animation, qui était, pour l’époque, vraiment exceptionnelle. Ubisoft avait fait appel à des animateurs professionnels venus de l’univers du dessin animé, notamment des studios Disney et des animateurs français. Les critiques ont reconnu que Rayman était non seulement un jeu très agréable à regarder, mais aussi un jeu extrêmement fun à jouer. En ce qui concerne les joueurs, le titre a trouvé son public, et le jeu s’est imposé comme un must-have pour les premiers possesseurs de la PlayStation.
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Rayman, le célèbre héros sans bras ni jambes, est né à Montpellier en 1995 dans les studios d’Ubisoft. (©Ubisoft)Quels souvenirs gardez-vous des développements auxquels vous avez participé ?
Je garde avant tout le souvenir de l’incroyable passion des équipes qui ont travaillé sur ces jeux. Sur des titres comme Rayman Origins et Rayman Legends, l’ambiance était très particulière. Les développeurs étaient tellement investis dans leur travail qu’ils jouaient tous les soirs à leur propre jeu, ce qui était à la fois une manière de tester et de s’amuser. Cela créait une atmosphère très conviviale et décontractée, qui se reflétait dans l’esprit des jeux eux-mêmes. Ce côté décalé, joyeux et parfois un peu loufoque fait partie intégrante de l’ADN de Rayman. Les développeurs s’amusaient, et cela se ressentait dans le gameplay et l’expérience de jeu.
Le personnage est-il connu au-delà de la France ?
Oui, Rayman a une notoriété internationale. Si la franchise reste particulièrement populaire en Europe, elle a également rencontré un grand succès en Amérique du Nord, au Japon, au Brésil et en Russie. L’impact de Rayman est donc mondial, et le jeu a su toucher des joueurs de différentes cultures. Environ 60 % des ventes se sont faites en Europe, mais 40 % proviennent de l’Amérique du Nord, ce qui montre l’ampleur du phénomène. Rayman est devenu une véritable icône du jeu vidéo français à l’échelle mondiale, et il est souvent cité aux côtés de Mario ou Sonic comme l’un des personnages les plus emblématiques de l’histoire.
Combien de jeux Rayman ont vu le jour jusqu’à aujourd’hui ?
Il y a eu six épisodes principaux de Rayman : Rayman (1995), Rayman 2 (2000), Rayman 3 (2003), Rayman contre les Lapins Crétins (2006), Rayman Origins (2011) et Rayman Legends (2013). En plus de ces titres, plusieurs jeux mobiles ont vu le jour, comme Jungle Run, Fiesta Run, Adventures et Mini. En tout, la franchise a vendu plus de 30 millions d’exemplaires sur consoles et PC, sans compter les près de 100 millions de téléchargements sur mobile. Ces chiffres témoignent du succès et de la longévité de la licence Rayman, qui continue de captiver les joueurs, même après 30 ans d’existence.
Depuis Montpellier, Rayman a conquis le monde et marqué toute une génération de joueurs. (©Ubisoft)Et l’avenir ? Peut-on espérer un retour de Rayman ?
Oui, Rayman est loin d’être oublié ! Nous avons confirmé que des équipes d’Ubisoft Montpellier et Milan travaillent actuellement sur de nouveaux projets pour la licence. Cependant, pour l’instant, nous ne pouvons pas encore dévoiler de détails concernant le type de jeu ou les plateformes sur lesquelles ils sortiront. Ce que je peux dire, c’est que Rayman n’est pas mort, loin de là. Pour ses 30 ans, nous avons voulu envoyer un message à la communauté : nous sommes toujours là, et nous avons de grands projets pour l’avenir. Rayman reste une licence très importante pour nous, et nous comptons bien la faire vivre encore longtemps.
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