20 h 30, jeudi 25 avril 2025. Un tonnerre d’applaudissements retentit dans le tribunal correctionnel de Rennes (Ille-et-Vilaine). Les soutiens aux sept militants d’ultra-gauche, qui ont comparu six heures durant pour violences aggravées, exultent. Accusés d’avoir passé à tabac deux étudiants, membres du Rassemblement national (RN), le 27 février dernier, devant la fac de droit à Rennes, ils sont tous relaxés.
Et pour cause : la cour vient de prononcer l’annulation pure et simple de la procédure. Les vidéos, tournées depuis le ciel par la police grâce à un drone, sont jugées illégales, car réalisées en dehors du périmètre géographique, délimité par arrêté préfectoral.
Erreur ? Oubli ? Toujours est-il que les avocats des prévenus se sont engouffrés dans la brèche. « Ce dossier ne repose que sur des images tournées illégalement, constate Me Nicolas Prigent. Comment, dans ces conditions, avoir un débat sur le fond ? » La procureure de la République est d’un autre avis. Pour elle, « les images tournées en violation de l’arrêté préfectoral restent valables judiciairement. » Le tribunal en a décidé autrement. Mais, le procès s’est néanmoins tenu avec réquisitoire et plaidoiries.
« Violence politique inquiétante »
Le 27 février, dans l’après-midi, une manifestation dégénère, au niveau de la faculté de droit à Rennes. Les victimes sont deux étudiants qui sont désignés à la vindicte populaire comme « fascistes » pour leur appartenance assumée au RN.
Une quinzaine de personnes encagoulées, vêtues de noir, les jettent au sol et les rouent de coups. Blessées, les deux victimes devront respecter cinq jours d’interruption totale de travail pour l’une, deux jours pour l’autre.
Les prévenus sont des militants de l’ultra-gauche, âgés de 19 à 29 ans. « À Rennes, la légitimation de la violence politique est très inquiétante, estime Me Valentin Le Dily, l’avocat des deux étudiants frappés. Les prévenus estiment que tous ceux, qui ne pensent pas comme eux, méritent d’être agressés. Le RN est le premier parti de France. Mais, eux ont décidé qu’il n’a pas le droit d’exister à Rennes ! »
Les prévenus ont tous gardé le silence, jeudi, à l’audience. Deux d’entre eux ont déjà eu affaire à la justice pour des délits mineurs. Le casier judiciaire des trois autres est vierge. Jusqu’à huit mois de prison ferme ont été requis à leur encontre. Avant que la relaxe générale soit prononcée.