Tolérance zéro. Pour avoir « une ville sûre et propre », le maire Thibaud Philipps entend faire respecter concrètement l’arrêté municipal du 9 mars 2023 interdisant les déjections canines partout dans la commune (parcs, jardins publics, pelouses, trottoirs, etc.), en touchant le porte-monnaie des propriétaires.
Jusqu’à présent, une certaine forme de tolérance – et donc d’impunité – entourait « cette petite incivilité qui pourrit la vie des gens », dixit l’édile. L’infraction ne peut être constatée qu’en flagrant délit par un agent assermenté.
Ciblage stratégique
Ce temps de l’insouciance va s’arrêter. La municipalité a décidé de sévir. Pour faire respecter la loi, des effectifs de police municipale, habilités à verbaliser, seront déployés d’ici un mois dans une dizaine de secteurs de la ville connus pour abriter des terrains minés, dans des tranches horaires spécifiques.
« Nous savons que les gens sortent leur chien le matin, entre 7 h 30 et 8 h, sur le temps de midi et le soir entre 20 h et le film », pointe le capitaine Christian Millot , chef de la police municipale d’Illkirch-Graffenstaden. En plus de leurs missions quotidiennes, les agents seront donc vigilants aux quadrupèdes poilus tenus en laisse.
Gare au caca négligemment abandonné sur la chaussée : le contrevenant s’expose à une amende forfaitaire de quatrième classe – soit 135 euros, majorée à 375 euros – prévue par le Code pénal. « Le but est de mettre l’accent sur la propreté, assure Thibaud Philipps. Pour que le cadre de vie soit appréciable, il faut qu’il soit propre. »
Des actions de sensibilisation dans les quartiers
Avant de sortir le carnet de contraventions, la police municipale dégaine actuellement les flyers au contact de la population dans les quartiers concernés par cette problématique. Cette action pédagogique vise à rappeler la loi aux propriétaires de chiens, à les sensibiliser aux actions répressives à venir et à leur indiquer les infrastructures spécifiquement créées dans la ville.
Elle s’accompagne d’un marquage au sol des crottes et d’inscriptions au pochoir : « Trottoir. Pas crottoir » à la peinture orange biodégradable. Les agents en profitent également pour alimenter les distributeurs de sachets à déjections.
Mercredi, jour de marché cours de l’Illiade, dans un secteur résidentiel densément peuplé au bord de l’Ill, à proximité du parc Huron, la tournée de la police municipale, en présence du maire, reçoit un accueil plutôt favorable.
La plupart des propriétaires comprennent la démarche et disposent de sachets. Ils s’insurgent contre ces comportements déplacés qui souillent la ville, y compris dans les espaces enherbés. « Là où jouent les enfants et où les agents d’entretien passent le débroussailleur. Cela pose des problématiques sanitaires », appuie le capitaine Christian Millot.
Un homme, la cinquantaine, désapprouve l’action. « Ce n’est pas bien ce que vous faites », lance-t-il comme une invitation implicite à laisser les gens tranquilles. « Ceux qui râlent le plus sont souvent ceux qui respectent le moins », commente le maire. Finis les passe-droits : les maîtres récalcitrants devront choisir demain de mettre la main à la pâte ou au portefeuille.