Une image de vacances postée sur une messagerie. C’est la seule réaction qu’a suscitée l’idée, lancée par Thomas Rousseau il y a un peu plus de 24 h, d’organiser une primaire pour désigner la future tête de liste de la droite rennaise aux municipales. Sollicités, les membres de Vivre Rennes, le collectif qui unit les oppositions sortantes, emmené par Charles Compagnon et Carole Gandon, observent un silence un brin consterné. En pleines vacances scolaires, les deux élus sont en villégiature. Pas question de bouleverser leur repos pour répondre à l’initiative du leader de Rennes à droite, investi par LR aux municipales.
Piège politique
Une primaire, « ouverte aux adhérents de tous les partis qui se réclament de la droite et du centre », pour désigner celui qui, de Rousseau ou de Compagnon, pourra briguer la tête d’une liste unifiée face à la maire sortante, Nathalie Appéré en 2026 ? « Je pense que c’est cohérent avec les valeurs que nous portons de redonner la parole aux Rennais. Valider par un vote démocratique un choix comme celui-ci est un important. La méthode a fonctionné à Nantes », a expliqué Thomas Rousseau, hier jeudi 30 octobre, devant la presse.
Le candidat LR place ainsi son adversaire devant deux mauvaises options. Soit Charles Compagnon accepte et prend le risque d’abandonner cette candidature à laquelle il se prépare depuis six ans. Soit il refuse et passe pour l’homme qui se défile. Sur le papier, cela ressemble à un gros piège… Qui fait sourire dans les rangs des « piégés », qui jugent que cette agitation « n’a aucun sens ».
Infaisable à tous les niveaux ?
« Cette idée est totalement infaisable sur les plans techniques, juridiques et économiques. Surtout à 135 jours du scrutin », explique-t-on dans l’entourage de Charles Compagnon, où l’on estime que cela revient aussi à méconnaître le fonctionnement d’une échéance municipale.
Des primaires peuvent être organisées dans le cadre de partis disposant de statuts qui les encadrent à tous les niveaux. « Mais là, nous avons affaire à deux groupes de sympathisants. Certains peuvent être encartés dans des partis, mais la plupart d’entre eux ne le sont pas du tout. Ils sont juste volontaires pour s’engager pour leur ville. »
On aurait plus les moyens de financer la campagne
Conséquences, selon l’entourage de Compagnon : des soucis juridiques et techniques en pagaille, doublés d’un gros problème financier. Les comptes des deux associations concurrentes ont déjà été ouverts. En cas de victoire, l’ensemble des coûts de l’opération serait imputé sur le budget de la liste gagnante. Conséquence : « On aurait plus les moyens de financer la campagne à proprement parler », confie un cadre de Vivre Rennes.
Agacement dans les rangs
L’exemple de Nantes cité par Thomas Rousseau est également battu en brèche. Fin août, une primaire a bien permis de départager Julien Bainvel et Foulques Chambart de Lawe, les deux prétendants à la tête de liste de la droite dans la cité des Ducs. Mais cette dernière était organisée entre deux LR (Charles Compagnon est Horizons et Carole Gandon Renaissance), ouverte aux seuls adhérents à jour de cotisation, assurée et financée par le parti, rappelle-t-on dans le camp de Compagnon. Où l’on pointe aussi le calendrier… « A Nantes, c’était fin août ».
L’annonce de Thomas Rousseau a également surpris d’autres membres de la droite contactés par nos soins. Ces derniers ne souhaitent pas s’exprimer pour ne pas entretenir le feuilleton. Qui commence à agacer. « Ça suffit ! », a, de son côté, laissé éclater Pierre Abegg, ancien conseiller municipal d’opposition à Edmond Hervé et ex-colistier de Bruno Chavanat puis de Charles Compagnon. « Je désapprouve totalement l’initiative de Thomas Rousseau, a-t-il réagi sur Facebook. J’observe que les adhérents rennais de LR n’ont pas été consultés. (…) J’ai conservé malgré mon âge (78 ans), quelques bonnes amitiés et relations à Rennes qui attendent toutes une union dynamique, seule garantie d’une victoire possible. Je considère que, si cette initiative saugrenue n’est pas très vite abandonnée, je ferais alors connaître mon choix qui ne relèvera pas du hasard. »
Que va-t-il se passer maintenant ? L’union voulue par les sympathisants de droite est-elle morte et enterrée ? Difficile à dire à ce stade. Des discussions sur les programmes étaient assez avancées. Pour « laisser la porte ouverte le plus longtemps » à Thomas Rousseau, le lancement de campagne des oppositions a été repoussé autour de la mi-novembre, selon nos informations.