Par
Margot Fournie
Publié le
31 oct. 2025 à 19h41
Mais comment tous ces câbles internet ont pu être installés chez eux ? C’est ce que se demandent Simone et Marcel Lahana, propriétaires d’une cave située au 54 rue Alsace Lorraine, au centre-ville de Toulouse. Une opération qui les a d’autant plus surpris qu’ils ne l’ont pas autorisée selon leurs dires. Actu Toulouse vous raconte l’histoire.
« Il y avait plein de gravats, des traces de pas »
La famille Lahana possédait la boutique de prêt-à-porter adjacente depuis 1903. La cave leur servait de réserve et d’atelier de retouche. Le 1er avril 2020, en voulant s’y rendre, la propriétaire a constaté que la porte de sa cave a été forcée.
« Il y avait plein de gravats, des traces de pas », lance Simone Lahana, 82 ans.
Sur le palier de la cave, les ouvriers ont installé un tableau de communication. (©Margot Fournié / actu Toulouse)
Dans la pièce du fond, elle remarque qu’une goulotte a été fixée le long du mur. Elle sort de la cave par un trou. « Les ouvriers ont enlevé la grille qui le fermait et ont mis du ciment pour faire tenir la goulotte», reprend la propriétaire.
Sur le palier, de l’autre côté du mur, les ouvriers ont mis une armoire.
Vidéos : en ce moment sur ActuLes ouvriers d’Orange sont entrés par le regard
Luttant contre son effarement, l’ancienne commerçante a compris que les ouvriers étaient rentrés par le regard installé dans la rue, quand des travaux avaient lieu à ce moment-là sur l’avenue.
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« Je suis allée voir le chef de chantier. Il m’a donné la référence de l’intervention », raconte-t-elle.
Trois représentants d’Orange sont venus sur place
Après une déclaration d’effraction auprès de son assurance, une plainte à la police, Simone Lahana s’est adressée au gestionnaire de l’immeuble, Foncia.
L’employée de Foncia a fait des démarches auprès d’Orange. « Nous avons fini par recevoir la visite de trois représentants d’Orange, le 10 septembre 2021. Il y avait aussi la représentante du syndic. Ils ont constaté la présence des câbles sans autorisation et étaient très surpris. »
« C’est une affaire de droit privé »
Depuis l’affaire patine, même si la municipalité a bien tenté d’intervenir durant l’été 2024.
On a fait venir les services de la métropole. On a alerté Orange, Enedis, GRDF, mais on n’a pas eu de retour. C’est une affaire de droit privé et on en est arrivé au bout.
Bertrand Serp
vice-président de Toulouse Métropole en charge de la transition numérique
Foncia confirme l’intervention d’Orange
Contacté par actu, Foncia assurre que « le syndicat des copropriétaires n’avait pas donné son accord à l’équipe d’intervention d’Orange pour la réalisation des travaux. »
Mais, « selon Orange, M. et Mme Lahana auraient autorisé l’intervention dans leur partie privative », poursuit le gestionnaire de l’immeuble, révélant qu’à ce jour Foncia n’a pas reçu d’accord écrit confirmant ce point.
Chez Orange : « on est bien passé par là »
De son côté, Orange n’avait pas retrouvé traces de l’intervention au moment d’écrire ses lignes.
Pour reprendre le fil avec cette histoire, l’entreprise de télécommunication a finalement dépêché deux techniciens sur place ce jeudi 30 octobre 2025. Un rendez-vous auquel a assisté Actu Toulouse.
En arrivant, les techniciens ont observé les installations et ont confirmé : « On est bien passé par là. Il y a au moins un câble Orange dans la goulotte », en indiquant, toutefois, que « d’autres opérateurs, Bouygues et Free, se sont aussi installés. On va essayer de se coordonner avec eux pour enlever les câbles. »
« Ou c’est vite fait, ou on coupe tout »
Pour autant, ils n’ont pas été en mesure de donner une date pour d’éventuels travaux.
Ils ont fait entendre que comme l’armoire est actuellement en activité et fournit internet à tout l’immeuble, ils ont un délai de prévenance à respecter.
Ou c’est vite fait, ou on coupe tout. C’est une belle cave de 50 m2 rue Alsace Lorraine. Moi j’aimerais vendre alors soit Orange achète la cave avec la servitude soit elle enlève les câbles.
Simone Lahana
Propriétaire de la cave
« En principe, je n’ai pas le droit de couper les câbles »
En attendant la réponse de l’entreprise, l’octogénaire révèle qu’elle a pris « conseil auprès d’un homme de loi. En principe, je n’ai pas le droit de couper les câbles. C’est du matériel d’intérêt d’ordre public. Mais moi, je ne suis pas d’intérêt public. »
Elle et son époux soufflent : « c’est vraiment une histoire à dormir debout. »
Suite à l’article, Orange réagit et assure avoir eu l’autorisation
Mise à jour vendredi 31 octobre 2025, à 19h. Suite à la parution de l’article, Orange explique avoir signé une convention avec le syndicat de copropriétés, en 2012, l’autorisant à effectuer les travaux dans l’immeuble. L’Arcep, l’Autorité de régulation des communications électroniques, rappelle que cette convention « définit les conditions d’installation, de gestion, de maintenance et de remplacement des lignes en fibre optique que l’opérateur d’immeuble déploie sur place. Orange s’inscrit en faux par rapport aux déclarations de Foncia et assure avoir signé avec le syndicat des copropriétaires, dès 2012, une convention l’autorisant à effectuer les travaux. Toujours selon Orange, les travaux auraient eu lieu à cette époque et non en 2020. Actu Toulouse n’a pas encore pu prendre connaissance de ce document ce vendredi soir.
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