Par
Fabien Binacchi
Publié le
31 oct. 2025 à 12h06
C’est une affaire qui a sonné tout le monde dans cette commune proche de Marseille. La trace de la cloche historique du beffroi de Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône), volée il y a près de deux mois, a été retrouvé par les gendarmes après une enquête « rocambolesque ». Un employé de mairie, confondu par un e-mail anonyme, semble même impliqué dans la disparition de ce pan de l’histoire de la commune à jamais perdu.
Une œuvre datant de 1763
Ce n’est pas la casse du Louvre, mais c’est encore un bout du patrimoine français qui s’évanouit dans la nature. À Bouc-Bel-Air, la cloche du Beffroi de la commune, datant de 1763, a été volée. Le début de l’affaire remonte au 7 septembre 2025.
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« Le chef de la police municipale s’est présenté à la gendarmerie pour signaler la disparition de la cloche, entreposée dans un local communal en vue de sa restauration », racontent les forces de l’ordre. La nouvelle émeut les habitants de la commune.
Des investigations sont immédiatement lancées.
Fondue et revendue au poids du métal
Elles patinent. Jusqu’au 23 octobre dernier. Un e-mail anonyme, adressé à la mairie, arrive jusqu’à l’ordinateur des enquêteurs. Il contient une photo (authentifiée) de la cloche volée et un court message de l’auteur qui affirme vouloir que « la vérité soit dite ».
Elle est finalement révélée, au grand dam des habitants : la cloche a été fondue dans les locaux d’une société implantée sur la commune voisine de Rognac, révèlent les gendarmes, qui décrivent une enquête « rocambolesque ». Elle a été ensuite revendue au poids du métal. Soit environ 1500 euros pour 350 kg.
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La cloche portait des inscriptions caractéristiques en latin : « DEI GLORIAM » (la gloire à Dieu) et « I BAVISE » (j’ai bu) (©Gendarmerie des Bouches-du-Rhône)
Une hérésie pour le maire LR de Bouc-Bel-Air. Elle a été « détruite […] pour quelques centaines d’euros à peine, alors qu’elle valait près de dix fois plus sur le marché de l’art », souffle Mathieu Pietri dénonçant, sur Facebook, « un acte d’une absurdité affligeante, qui a anéanti près de trois siècles d’histoire ». La cloche qui avait été décrochée de la tour de l’horloge dans les années 50 devait y revenir prochainement.
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« Une trahison profondément douloureuse »
Et l’édile est d’autant plus en colère qu’un agent municipal fait partie des personnes interpellées dans cette affaire. « Une trahison profondément douloureuse » qui aurait permis « aux malfaiteurs de contourner les dispositifs de sécurité », s’emporte-t-il.
Les gendarmes ont pour le moment arrêté un autre individu « soupçonné d’avoir organisé le transport et la vente » de l’objet. Les deux mis en cause à ce stade ont été placés en garde pour « recel d’un bien culturel affecté au culte ». Ils ont été déférés jeudi 30 octobre devant le Procureur d’Aix-en-Provence en vue d’éventuelles poursuites.
En attendant, le maire de Bouc-Bel-Air assure que le clocher de l’église Saint-André sonnera à nouveau. « Je m’étais engagé à restaurer et raccrocher cette cloche […] aux côtés de sa sœur de 1719. Cet engagement demeure », promet-il.
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