Dans les sous-sols du Palais de justice de Bobigny (Seine-Saint-Denis), l’un des plus importants tribunaux de France après celui de Paris, une femme accuse deux policiers de l’avoir, tour à tour, violée durant la nuit du 28 au 29 octobre, dans la cellule du dépôt où elle attendait son déferrement.
« S’ils sont avérés, ces agissements sont extraordinairement graves et inacceptables », a réagi le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez dans une déclaration à l’AFP. « Les deux agents concernés ont été immédiatement suspendus et j’ai demandé que l’on fasse toute la lumière sur ces faits, afin de comprendre comment cela a pu se produire », a-t-il poursuivi. Selon l’AFP, les deux agents ont rédigé un rapport administratif pour exposer leurs versions.
Les deux policiers placés en garde à vue
Au moment des faits qu’elle dénonce, la jeune femme âgée de 26 ans était « déférée au parquet de Bobigny pour des faits de soustraction par un parent à ses obligations légales compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant », indique le parquet de Bobigny dans un communiqué. Toujours selon les informations du procureur Éric Mathais, c’est mercredi en fin d’après-midi que la victime présumée « a révélé avoir fait l’objet de deux viols ». « Les deux fonctionnaires de police visés par la plainte ont été placés le 30 octobre au matin en garde à vue. » Garde à vue qui a été prolongée, a indiqué vendredi à l’AFP une source proche du dossier.
Géographiquement compétent, le tribunal de Bobigny s’est dessaisi au profit du parquet de Paris. Les investigations judiciaires sur la révélation de « faits d’une particulière gravité » devraient permettre de « déterminer l’implication de ces fonctionnaires », selon la préfecture de police de Paris. Cette dernière a également initié « en parallèle, une enquête administrative ».
Ils reconnaissent des rapports sexuels mais « consentis »
Les deux fonctionnaires âgés de 23 et 35 ans n’étaient « pas policiers depuis longtemps » et dès le début de leur garde à vue, selon des informations de RTL, ils auraient reconnu les rapports sexuels avec la plaignante, mais selon leurs affirmations, ceux-ci auraient été « consentis ». Deux policiers dans l’exercice de leurs fonctions avec une position ascendante sur une femme qui attendait sa comparution devant un juge reconnaîtraient ainsi avoir assouvi leur plaisir dans une des cellules dépôt…
Une enquête a été ouverte pour viols par personne abusant de l’autorité que lui confèrent leurs fonctions a été ouverte et confiée à l’IGPN, la « police des polices ». Le député de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis, l’insoumis Aly Diouara, a évoqué sur X des « faits d’une gravité absolue, dans un lieu censé être ‘safe’».
Si l’enquête en cours « conclut que des faits criminels ont été commis, et que l’honneur des policiers a été sali, il va de soi que des sanctions seront prises », a ajouté M. Nuñez, assurant que sa « fermeté sera totale ».
Le Tribunal de Bobigny des défaillances systémiques ?
Souvent sous les feux des critiques, le tribunal de Bobigny est réputé pour abriter de nombreux problèmes (d’organisation, d’effectifs, de vétusté, etc.). Le 7 décembre 2024 un homme était mort dans sa cellule alors qu’il attendait son déferrement.
Dans un autre département de la région parisienne, la Seine-et-Marne, un policier devrait être jugé au premier semestre 2026 pour viols sur une femme au sein même d’un commissariat. La plaignante est une femme de nationalité angolaise, sans papiers, qui avait dénoncé avoir été violée, à deux reprises, par un gardien de la paix en 2023, au commissariat de Pontault-Combault.
Cette dernière affaire avait été révélée par le journal Libération dans une série intitulée #MeToo Police. Selon le quotidien, la femme qui accuse le policier de viols était allée porter plainte pour violences conjugales.
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