En difficulté depuis son départ de Toulon, l’ouvreur double champion du monde avec les U20, surnommé «The Carbonator» par son coach, retrouve la lumière avec Paris.

De grands espoirs puis de grandes difficultés. Ouvreur de l’équipe de France des moins de 20 ans double championne du monde en 2018 et 2019 (devant Romain Ntamack qui évoluait alors au centre), Louis Carbonel n’a pas connu une trajectoire rectiligne par la suite, contrairement à l’ouvreur toulousain devenu incontournable en club et en équipe de France. L’enfant de la Rade a d’abord dû quitter le RCT, au grand dam des supporters, son expérience à Montpellier a ensuite viré au cauchemar quand il a retrouvé Patrice Collazo avec qui il était en froid dans le Var. Il était censé donner un nouvel élan à sa carrière en rejoignant, la saison dernière, le Stade Français Paris. Mais, là encore, il a été dans le dur au sein d’une équipe parisienne agité par les querelles internes, qui a dû batailler pour le maintien. À oublier.

Retour de flamme cette saison. Le demi d’ouverture varois, à l’image de son équipe qui connaît un bon début de saison, a retrouvé de l’allant. Plus juste dans son jeu, plus entreprenant, loin de ses performances décevantes de l’an denier. Avec 83 points inscrits en six matches (presque 14 par rencontre), il est le troisième meilleur réalisateur du Top 14 derrière le Bayonnais Joris Segonds (94) et le Clermontois Harry Plumer (86) qui comptent un match en plus. Son entraîneur Paul Gustard a même surnommé «The Carbonator» celui qui avait passé la pénalité de la victoire, sur le gong, contre La Rochelle. «On a raté notre saison l’année dernière, mais maintenant, c’est du passé, on est focalisé sur l’avenir et on a très envie de faire taire les pronostics et d’essayer d’être le plus haut possible dans le classement cette année», avait martelé Carbonel en début d’exercice.

Aujourd’hui, je me sens un peu différent. Avant, j’étais vraiment trop dur envers moi-même

Louis Carbonel


Passer la publicité

La volonté du Stade Français ? Avoir «une équipe qui ne lâche rien, qui essaie d’envoyer un jeu intelligent», a précisé l’ouvreur parisien. Pour l’instant, Paris y arrive. Mais va devoir confirmer ce samedi soir, sur la pelouse de l’ogre toulousain. «On ne peut pas passer du coq à l’âne, il faut essayer d’alterner notre jeu intelligemment et essayer de se débrider un peu, (de ne) pas jouer avec la pression qu’on a pu avoir l’année dernière, avait expliqué en septembre le numéro 10 parisien qui s’était engagé pour trois saisons. C’est surtout l’unité qui a été travaillée en ce début de saison.»

Pour retrouver son meilleur niveau, Louis Carbonel a effectué un gros travail personnel. Comme il l’avait expliqué dans les colonnes de Midi Olympique  : «On apprend des moments compliqués, il y a toujours un enseignement à tirer. Ça nous fait grandir. J’avais déjà connu des saisons compliquées avant ? Aujourd’hui, je me sens un peu différent. Avant, j’étais vraiment trop dur envers moi-même. Je voulais tellement réussir, tellement être parfait, que même si je réussissais huit coups de pied sur dix à l’entraînement, je pouvais me mettre la tête au fond du saut. Je me mettais trop de pression. J’ai donc fait un gros travail sur moi-même.»

«Je me suis fait aider et accompagner sur le plan psychologique»

Introspection et remise en question. Pour éviter de se mettre trop de pression. «Je me suis fait aider et accompagner sur le plan psychologique, reconnaît-il sans fard. J’en avais besoin. Avec le recul, j’ai le sentiment d’avoir été beaucoup trop exigeant avec moi-même. J’étais mon propre ennemi. J’en ai tiré et en tire encore des leçons.» Ajoutant également : «J’ai découvert la spiritualité, j’en suis très heureux et ça m’aide beaucoup. Je prends d’ailleurs beaucoup de plaisir à m’intéresser à ces choses-là. Cela me permet de retrouver le plaisir sur le terrain. C’est ce qui m’intéresse le plus : envoyer du jeu, créer, attaquer la ligne, buter.»

Histoire de rattraper le temps perdu. Annoncé (logiquement) comme un futur très grand, Louis Carbonel a depuis laissé filer le wagon du XV de France, lui qui compte cinq sélections, la dernière contre l’Australie à l’été 2021. Depuis, la concurrence a pris de l’avance. Alors qu’il était à la lutte pour le poste de troisième ouvreur des Bleus derrière Romain Ntamack et Matthieu Jalibert, d’autres lui ont grillé la priorité : il y a d’abord eu Antoine Hastoy et Léo Berdeu, puis Joris Segonds et Ugo Seunes, plus récemment.

Mais Louis Carbonel n’a pas tiré un trait sur les Bleus. «Je pars du principe que tout est possible, avance-t-il dans le Midol. En toute humilité, je connais mon niveau. Je sais analyser mes performances et l’environnement de mon équipe. Mais chaque chose en son temps. L’humilité est une vertu importante au rugby.» Même quand on n’a que 26 ans.