Mercredi 5 novembre, à 13 heures, l’entreprise chinoise de fast-fashion Shein débarquera au BHV du Marais. Le magasin grand de 1 000 m2 devrait accueillir ses premiers clients au 6e étage de l’établissement. À l’annonce de cette ouverture, Yann Rivoallan, président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin, a une « réaction de dégoût ».

« Shein, c’est une société prédatrice qui a détruit, en deux ans, près de 15 000 emplois en France. On a des redressements judiciaires quasiment toutes les semaines », déplore-t-il sur RMC ce samedi 1er novembre.

Yann Rivoallan dénonce la décision de Frédéric Merlin, patron du BHV. « Il est en train de tuer » l’établissement « pour le donner aux Chinois et à Shein ». La semaine dernière, il le qualifiait de « menteur pathologique ».

« Le BHV, c’est un symbole »

« Soit il a décidé de trahir la France en travaillant avec cette marque de la honte, soit c’est quelqu’un d’une profonde incompétence et ne sait pas gérer ses magasins. Je partirais plutôt dans cette direction parce que quand on voit les enseignes parties du BHV, les allées vides… », lance Yann Rivoallan.

« Le BHV, c’est un symbole. Pour toutes les personnes étrangères, les touristes qui entrent dans Paris, ils vont voir « Shein BHV ». Pour eux, clairement, la mode française, désormais, c’est Shein », déplore-t-il, évoquant un « point symbolique extrêmement grave ».

Yann Rivoallan souligne en outre la faible qualité des produits proposés par le géant de la fast-fashion. « Les vêtements Shein, c’est dangereux à deux niveaux : pour la planète, parce que 85 % d’entre eux sont faits en plastique, et pour nous, parce qu’on porte littéralement des sacs-poubelles sur soi ! » alerte-t-il.

« Mauvais signal » selon le ministre du Commerce

Depuis un mois, l’ambiance est devenue des plus moroses dans les locaux du BHV, certaines marques ayant décidé de quitter le lieu. Impossible pour elles de se trouver au même endroit qu’une entreprise comme Shein. Pour d’autres, le départ était déjà prévu de longue date à cause de nombreux impayés. Mais l’annonce fracassante de Frédéric Merlin aurait presque accéléré ces processus.

Ce mariage avec Shein, accusé de concurrence déloyale, de pollution environnementale ou encore de conditions de travail indignes, a envoyé un « mauvais signal » selon Serge Papin, ministre français du Commerce, et provoqué la « profonde inquiétude » de la maire de Paris Anne Hidalgo. Frédéric Merlin s’est lui enthousiasmé d’une « première mondiale ».