Par

Nicolas Gosselin

Publié le

1 nov. 2025 à 12h32

Créon, La Brède, Grayan-et-l’Hôpital, Lesparre et Sallebœuf… En Gironde, dans certaines communes, les traditionnelles fêtes de la Rosière ont traversé les époques. Pourtant, selon l’ethnologue spécialisée en patrimoine immatériel Zoé Oliver, elles sont menacées car considérées comme trop archaïques. À Pessac, par exemple, elles ont été abandonnées à partir de 2015.

« Elles souffrent d’invisibilité médiatique et de terribles lacunes de vulgarisation auprès du grand public. Leur évolution, depuis 1810, est complètement passée sous silence », appuie l’ethnologue bordelaise, qui compte sur une inscription au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco pour faire changer les choses.

Un avis favorable mais réservé

Depuis 2022, Zoé Oliver travaille auprès des 46 communes françaises qui perpétuent cette tradition – qui remonte au Moyen-Âge – pour intégrer l’inventaire national de l’Unesco. Le 16 octobre 2025, le comité s’est réuni et a livré un avis favorable sous réserve de modifications.

« Il y a deux siècles, les Rosières devaient être de jeunes femmes vierges et bonnes à marier. Désormais, ce n’est plus du tout le cas. Elles sont sélectionnées pour leur engagement citoyen, associatif ou solidaire et celle qui est couronnée reçoit un chèque pour soutenir son projet. La tradition a évolué au rythme de la société mais le comité veut s’assurer que c’est bien le cas dans toutes les communes concernées. Le problème, c’est que toutes n’ont pas communiqué les éléments au comité », regrette l’ethnologue.

Évidemment, moi, sur le terrain, je m’aperçois que ce sont des Rosières républicaines. Mais il faut le faire transparaître dans l’affiche. L’inscription à l’inventaire va donner de la visibilité et une légitimité.

Zoé Oliver

Le comité national a sa prochaine réunion en début d’année 2026. Zoé Oliver espère que l’avis favorable sous réserve se transformera en avis favorable sans réserve, fort de l’ajout de nouveaux éléments au dossier.

« Une inscription permettrait d’inverser la tendance »

« La magie des Rosières, c’est qu’elles se réinventent. Elles sont typiquement un patrimoine culturel immatériel tel qu’on le considère aujourd’hui. Un patrimoine qui a une grosse histoire, qui a traversé les siècles et qui continue d’être très plastique avec son époque », argue l’ethnologue.

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire

« La Rosière souffre encore de ce préjugé d’archaïsme et de sexisme. Malheureusement, c’est passer sous silence deux siècles d’évolution. L’inscription à l’inventaire permettrait d’en reconnaître le caractère citoyen et contemporain et par conséquent, d’inverser la tendance », conclut-elle.

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.