Le triple champion de France arrive, lors des fenêtres internationales, à performer sans ses meilleurs éléments. Grâce notamment à la qualité et la profondeur de son effectif. Mais, cette année, le défi est de taille.

C’est toujours la même rengaine, mais le Stade Toulousain y est habitué. Chaque année, lors des fenêtres internationales, les internationaux toulousains rejoignent Marcoussis et Ugo Mola doit composer sans ses meilleurs éléments. La très grande majorité des clubs du Top 14 subiraient de plein fouet une telle saignée, mais le club le plus titré du rugby français (24 Brennus, 6 Champions Cup), arrive, lui, à faire front. Et, mieux que cela, à maintenir un excellent niveau de performance.

À l’issue de la large victoire décrochée le week-end dernier face au RC Toulon (59-24), l’entraîneur de la défense Laurent Thuéry avait dressé la feuille de route. «On va construire (cette semaine) en se resserrant, avec les forces en présence, nos saisons passées se sont construites dans le caractère dans ces moments-là», avait rappelé le technicien. Le dernier bilan est évocateur : l’an dernier, sur les six matches où le staff était privé de ses meilleurs éléments, Toulouse avait glané 24 points, loin devant d’autres grosses écuries comme Bordeaux-Bègles (15) ou Bayonne (13).

Les mecs qui restent vont faire le même job, voire mieux que nous, on a confiance en eux


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Problème, cet automne, à l’absence des internationaux s’ajoute une cascade de blessés (Colombe, Mauvaka, Brennan, Cros, Banos). Mais, malgré ses vents contraires, le Stade Toulousain a régulièrement réussi, ces dernières saisons, à traverser ces fortes turbulences. Car, en l’absence des habituels titulaires, la jeunesse montre généralement les crocs, contente d’obtenir du temps de jeu. Le jeune talonneur Guillaume Cramont (appelé depuis en équipe de France) avait expliqué l’an dernier : «On a envie de montrer qu’on a tous notre place ici. Que ça reste le Stade Toulousain, pas l’équipe B.» 

Un enthousiasme confirmé par Thibaut Flament, l’incontournable deuxième-ligne des Bleus, qui avait expliqué au Figaro, au retour d’un rassemblement avec les Bleus : «On sait qu’on a de super joueurs, mais ils m’ont vraiment impressionné. Quand j’ai repris l’entraînement, j’ai été épaté par le niveau des séances. Ça jouait bien, vite, connecté. C’était ultra-positif.» Emmanuel Meafou dans le même état d’esprit : «C’est ça notre point fort, même si on est 10, 11, à partir à Marcoussis, les mecs qui restent vont faire le même job, voire mieux que nous, on a confiance en eux.» 

Et David Mélé, responsable des skills, de poursuivre dans les colonnes du Dauphiné Libéré : «On est le seul sport où le championnat domestique joue toujours durant la fenêtre internationale. Après, ça a toujours été comme ça et on arrive à y répondre favorablement. Est-ce que c’est un réel problème ? Je ne sais pas.» Le Stade, qui avait pu souffrir des doublons il y a quelques années quand il était dans le creux de la vague, a depuis appris à s’adapter. Avec réussite. «Forcément, cela nous perturbe car on passe plus de 60 % de la saison sans eux mais au final, on arrive à développer d’autres joueurs et les exposer à ce moment-là», confirme David Mélé. Ce qui avait été le cas notamment de Thomas Lacombre, Paul Cotes ou encore Mathis Castro‑Ferreira.

Là, ça ne dépend pas de moi. C’est comme quand tu montes dans l’avion, tu espères juste atterrir une fois que tu es parti mais ça ne dépend pas de toi

Ugo Mola

La saison dernière, Ugo Mola avait expliqué l’exercice d’équilibriste auquel il est confronté. «Ce n’est jamais simple de perdre 13, 14, 15, 16 ou 17 de tes meilleurs joueurs. Mais, encore une fois, les règles sont connues de tous. C’est le prix à payer pour avoir une équipe performante, avait-il souligné auprès de Midi Olympique . J’essaie de maîtriser les choses sur lesquelles j’ai des leviers. Là, ça ne dépend pas de moi. C’est comme quand tu montes dans l’avion, tu espères juste atterrir une fois que tu es parti mais ça ne dépend pas de toi.» 

Premier vol de la saison prévu ce samedi soir face au Stade Français, qui arrive avec la ferme idée de faire un coup à Ernest-Wallon. Le centre parisien Jeremy Ward reste néanmoins sur ses gardes au moment de défier «une équipe avec des qualités dans tous les domaines» : «Si c’est Toulouse avec tous les internationaux français, ou si c’est Toulouse sans les internationaux français, ça ne change rien pour nous. Si tu changes un joueur, tu fais un remplacement et c’est un joueur qui joue au niveau international aussi.» Un joueur qui veut surtout se mettre en lumière quand on lui donne sa chance.