Photo d’illustration. Une boutique éphémère de Shein, dans un centre commercial à Ontario, au Canada, en octobre 2023.

Allen J. Schaben / Los Angeles Times via Getty Imag

Photo d’illustration. Une boutique éphémère de Shein, dans un centre commercial à Ontario, au Canada, en octobre 2023.

MODE – Une première mondiale qui choque. Shein, la marque chinoise d’ultra fast-fashion connue pour ses articles à bas prix, s’apprête à ouvrir son tout premier magasin permanent au monde… Et c’est à Paris, la capitale de la mode. La boutique ouvrira ses portes ce mercredi 5 novembre, au sixième étage du BHV, grand magasin historique du cœur de la capitale.

Ce samedi 1er novembre, sur RMC, Yann Rivoallan, président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin, n’a pas caché son indignation : « Réaction de dégoût », a-t-il lancé d’entrée. « Shein, c’est une société prédatrice qui a détruit, en deux ans, près de 15 000 emplois en France. On a des redressements judiciaires quasiment toutes les semaines. »

Le géant asiatique est critiqué depuis des années pour le traitement de ses employés et son impact écologique. Yann Rivoallan rappelle que 85 % des vêtements Shein sont en plastique : « Quand on les porte, on ne s’en rend pas compte, mais on se met clairement des sacs-poubelle sur soi. »

Il alerte aussi sur la dangerosité de certains produits : « De nombreux tests ont été effectués, révélant des produits dangereux, notamment des chaussures qui contenaient du plomb, considéré comme cancérigène. »

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Le président de la Fédération française du prêt-à-porter féminin s’inquiète de l’implantation d’une telle marque dans un lieu emblématique : « Le BHV, c’est un symbole. Les touristes qui viennent à Paris vont voir “Shein BHV”. Pour eux, la mode française, ce sera désormais Shein », insiste-t-il.

Les préparatifs avancent malgré la controverse

Au BHV, les préparatifs du futur magasin de 1 000 m² avancent rapidement ce samedi 1er novembre, ont constaté nos confrères du Parisien. Le logo de Shein brille déjà en hauteur, tandis que les vêtements féminins commencent à être disposés sur les portants.

Yann Rivoallan ne mâche pas ses mots à propos de Frédéric Merlin, patron du BHV : « Il est en train de tuer le BHV petit à petit ». Il ajoute : « Soit il a choisi de trahir la France en s’associant à cette marque de la honte, soit c’est quelqu’un d’une profonde incompétence incapable de gérer ses magasins. Je penche plutôt pour cette deuxième hypothèse, car quand on regarde les enseignes qui quittent le BHV et les allées désormais vides… ».

Plusieurs marques partenaires ont déjà rompu leurs contrats avec le BHV. Dernier exemple en date : Disneyland Paris a annulé un partenariat majeur, qui prévoyait l’ouverture d’une boutique éphémère et la décoration de toutes les vitrines du magasin pour Noël. Au-delà des marques, plusieurs salariés du BHV ont également fait part de leur indignation face à l’arrivée de Shein.

L’ouverture de Shein au BHV suscite la colère au-delà du bâtiment. Serge Papin, le ministre français du Commerce, a lui même dénoncé un « mauvais signal », et Anne Hidalgo, la maire de Paris, a exprimé sa « profonde inquiétude ». Une pétition en ligne contre l’installation de ce magasin au BHV a également recueilli plus de 110 000 signatures.

Ce premier magasin durable inquiète d’autant plus qu’il n’est qu’une première étape : Shein prévoit également d’implanter cinq autres magasins en France, dans les Galeries Lafayette de Grenoble, Reims, Dijon, Limoges et Angers, toutes détenues par le groupe SGM de Frédéric Merlin.