Le département de la Guerre a indiqué que la livraison de missiles Tomahawk à l’Ukraine n’aurait finalement pas d’effet négatif sur les stocks américains, révèle CNN. Mais la décision finale reste entre les mains de Donald Trump.
C’est une étape majeure mais pas encore décisive. Selon les informations de CNN, qui cite des responsables américains et européens, le Pentagone a donné son feu vert à la Maison Blanche pour la livraison de missiles Tomahawk à l’Ukraine. Le département de la Guerre (anciennement département de la Défense) a finalement estimé que la fourniture du missile longue portée à Kiev n’aurait pas d’effet négatif sur les stocks américains. Mais la décision finale revient toujours à Donald Trump, qui n’a pas donné de signaux encourageant ces dernières semaines.
Après une rencontre avec Volodymyr Zelensky le 17 octobre, cette option paraissait même avoir été franchement enterrée, du moins à cet instant, par le président américain lui-même. «Nous ne voulons pas donner des choses dont nous avons besoin pour protéger notre pays», avait-il déclaré à l’issue de cette entrevue, après avoir déclaré en privé à son homologue ukrainien qu’il ne lui donnerait pas de Tomahawk pour le moment. Si Donald Trump brandissait régulièrement la menace d’une livraison de Tomahawk à l’Ukraine ces derniers mois, il avait déjà semblé faire machine arrière la veille de cette rencontre en déclarant ne pas souhaiter «appauvrir» les réserves américaines, juste après un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine.
Trump de plus en plus frustré par la Russie
L’état des réserves américaines représentait l’une des embûches majeures à la fourniture de ces armes. L’armée n’en a commandé que 57 pour 2026, un volume insuffisant pour que son fabricant Raytheon puisse rapidement monter en cadence. Il faudrait donc les prélever sur les stocks américains. Mais le Pentagone ne semble finalement pas inquiet à cette idée, jugeant sans doute les réserves suffisantes. Reste à savoir si Donald Trump voudra cette fois franchir le pas. Ces derniers jours, il a de nouveau manifesté sa frustration face au comportement de la Russie, qui démontre toute sa réticence à vouloir engager sérieusement des pourparlers de paix. En réponse, le président américain a approuvé de nouvelles sanctions contre les sociétés pétrolières russes, et annuler une rencontre avec Vladimir Poutine prévue à Budapest.
Quand bien même Donald Trump déciderait d’envoyer ces missiles à l’Ukraine, il devrait composer avec une autre difficulté majeure : le Tomahawk a d’abord été développé pour la marine américaine. Il est principalement utilisé depuis des sous-marins ou des navires de surface, ressources dont ne dispose pas l’Ukraine. En 2024, l’armée américaine a développé un nouveau lanceur terrestre baptisé Typhon. Chaque batterie est composée de quatre lanceurs et peut tirer 16 Tomahawks. Mais ils sont disponibles en quantité très restreinte : l’US Army ne dispose pour l’heure que de deux batteries de quatre lanceurs et le corps des Marines d’une seule. Des analystes militaires soulignent que le Tomahawk peut aussi être tiré depuis un lanceur JLTV, mais ce dernier ne peut tirer qu’un missile à la fois.
Se posera aussi la question de la formation des troupes ukrainiennes à l’utilisation des lanceurs. Pour le New York Times, cela ne devrait pas poser de problème majeur. «À l’été 2022, l’Ukraine a rapidement appris à utiliser le système HIMARS», rappelle le quotidien américain. Mais les États-Unis devraient sans doute fournir les données de ciblage et de planification de vol, qui dépendent souvent du renseignement américain. Si le Tomahawk n’a rien d’une arme magique qui changerait le cours du conflit, il doterait pour la première fois l’Ukraine d’une capacité de frappe dans la grande profondeur. D’une portée de 1700 kilomètres, il pourrait détruire des actifs militaires clés en Russie, et accessoirement atteindre Moscou.
La diplomatie russe ne s’y est d’ailleurs pas trompée : samedi, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Maria Zakharova, a directement réagi à l’information de CNN en déclarant que la fourniture de missiles Tomahawk à l’Ukraine n’aiderait pas à résoudre le conflit.