C’est l’une des plus importantes expositions de l’automne : le peintre et dessinateur américain Philip Guston (1913–1980) est mis à l’honneur au musée national Picasso-Paris, sous le titre « Philip Guston. L’ironie de l’histoire ». Sur les murs ? Une vingtaine de toiles, certaines de grand format, et une quarantaine d’œuvres sur papier.

Co-commissaire avec Joanne Snrech, Didier Ottinger, conservateur général du patrimoine, explique que le titre de cette rétrospective « renvoie à l’affinité profonde entre Guston et Picasso : la capacité à lier le sublime et le grotesque ». Sublime, car « c’est merveilleusement peint », précise-t-il, mais grotesque car les artistes s’appliquent à des « sujets qui sont apparemment tout à fait dérisoires, et en font des tableaux sans équivalent dans la peinture moderne. »

De la figuration à l’abstraction…

Picasso et Guston dialoguent ainsi dans un parcours qui retrace l’ensemble du parcours du peintre américain. Avec d’abord, une salle consacrée à ses débuts parmi les muralistes, « école figurative et assez engagée socialement », qui le place très tôt parmi les peintres les plus importants des États-Unis.

« Converti à la peinture abstraite » par son camarade Jackson Pollock, qui l’invite à rejoindre dans leurs recherches les peintres de New York, Guston expérimente une abstraction radicale. « Il couvre le tableau de gestes ; il croit que la peinture prend le pas sur l’artiste et lui impose un ordre, et une forme, qui est celle de l’abstraction radicale. »

…et vice versa

Philip Guston entend peindre ce que le monde produit de pire.

Contre toute attente, peu de temps après, Philip Guston change encore une fois radicalement de cap et se replonge dans la figuration. Mais, cette fois-ci, il s’inscrit dans un « mauvais goût extrême, pour l’époque », qui rejoint les outrances de la bande dessinée. Il entend ainsi peindre ce que le monde produit de pire, notamment en représentant les personnages encapuchonnés du Ku Klux Klan. « Il rencontre à ce moment-là Philip Roth » ; et réalise toute une série de dessins pour son roman Tricard Dixon et ses copains (en v.o. : Our Gang).

La langue de l’un s’accorde à l’esthétique de l’autre pour se faire la caisse de résonance d’une Amérique pétrie de contradictions. Très admiré, Philip Guston inspirera toute une génération d’artistes, qui travailleront, eux aussi, une figuration hantée par le « cauchemar américain », comme l’illustre l’exposition dédiée à Raymond Pettibon, à découvrir au niveau inférieur du musée.

Texte : Maïlys Celeux-Lanval 

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Philip Guston. L’ironie de l’histoire

Du 14 octobre 2025 au 1 mars 2026

www.museepicassoparis.fr