Tous les mois, nous vous proposons une sélection de restaurants, testés et souvent validés par notre critique gastronomique Laurent Guez.
Albufera à Boulogne, régal aux accents portugais
Un nouveau bistrot très original vient d’ouvrir à Boulogne. Il s’appelle Albufera, jeu de mots entre le nom d’une sauce issue du répertoire français (bouillon de volaille, crème, foie gras) et celui d’une ville du sud du Portugal, Albufeira (avec un i). Un clin d’œil à la fois à la technique classique et au pays d’origine du chef, José Dantas. À tout juste trente ans, ce dernier a pu ouvrir sa propre affaire grâce au soutien de son ancien patron devenu associé, l’excellentissime Émile Cotte, sorcier du restaurant Baca’v, lui aussi à Boulogne et dont nous avons dit le plus grand bien ici.
Le plat de riz au canard du restaurant Albufera, un régal.
Comme Baca’v, Albufera a un charme fou, mais différent, avec son décor et sa cuisine aux accents portugais. Après quelques tranchettes de jambon ibérique, on a goûté les croustillants de sardine, un peu trop gras mais très goûteux. Ensuite, on a commandé le grand plat de riz pour deux, comme une paella. Le nom du riz ? Je vous le donne en mille, Émile : Albufera, mais cette fois il s’agit d’une lagune de la région de Valence, en Espagne, où pousse cette variété qui reste ferme tout en absorbant le bouillon. Le jour de la visite, il était proposé au canard rôti. Un plat extra et original qui donne envie d’y retourner. En dessert, j’ai pris la mousse au chocolat noir couverte de noisettes croquantes, d’huile d’olive et de fleur de sel, une tuerie.
Albufera : 38, rue de Meudon, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Tél. : 01.46.21.75.90. Menu déjeuner à 29 euros (deux plats) et 39 euros (trois plats). À la carte, comptez 50 euros.
À Lyon, Georges, la brasserie qui brasse
À quelques pas de la gare Perrache, à Lyon (Rhône), Georges accueille les gourmets depuis près de deux siècles. Enfin, Georges Hoffher n’est plus là en chair et en os. Mais son buste trône à l’entrée de l’immense restaurant que ce brasseur venu d’Alsace a bâti en 1836 et dirigé jusqu’à sa mort en 1873. Tous les jours s’y pressent des centaines de mangeurs, peut-être un millier de couverts par jour, servis par un bataillon de chefs de rangs qui virevoltent entre les tables, quitte à hurler sur ceux qu’ils trouvent sur leur passage.
Le plat signature de la brasserie Georges à Lyon ? La choucroute ! LP/ Laurent Guez
Les gens du coin viennent volontiers y fêter leur anniversaire : à l’heure du dessert, la vieille boîte à musique à cartes perforées tourne à plein régime. Le décor est spectaculaire : murs couverts de marbre, 600 m2 de carrelage en fausse mosaïque, bas reliefs et luminaires Art déco… La devise de la maison est affichée : « Bonne bière et bonne chère depuis 1936 ».
Côté bonne chère, on dira que le rapport qualité prix, ambiance incluse, est excellent. La carte oscille entre spécialités locales (saucisson pistaché chaud, quenelle de brochet), recettes de partout (linguine alle vongole, moules marinières, salade César) et plats typiques de brasserie, à commencer par la choucroute, servie généreusement sur un chauffe-plat. Georges s’adapte à tous les goûts.
Brasserie Georges : 30, cour de Verdun-Perrache, Lyon (Rhône). Tél. : 04.72.56.54.54. Menu lyonnais à 27 euros. À la carte, comptez 30 à 40 euros.
Hokusaï, nippon ni trop cher
Les vrais restos japonais, tous les spécialistes vous le diront, vous assomment souvent d’un coup de bambou au moment de régler l’addition. Mais c’est surtout vrai de ceux centrés sur le poisson ultra-frais, moins pour les spécialistes des soupes « ramen » ou « soba », les cantines de porc pané (« tonkatsu ») ou de brochettes grillées (« yakitori »), beaucoup plus accessibles.
Cette semaine, j’en ai déniché un, Hokusaï, qu’on pourrait qualifier de bistrot généraliste, tendance fusion, mais qui au moins ne vous force pas à taper dans votre Livret A. Ce vrai-faux nippon, niché dans un hôtel chic de l’ouest parisien, m’a paru très adapté à un repas amical ou amoureux. La déco contemporaine glisse sur un fond musical, le service attentionné donne envie de tout goûter.
En entrée, j’ai commandé des bouchées de riz croustillant au tarama et thon rouge épicé (mais pas trop), suivies d’une cuisse de poulet désossée, marinée à la citronnelle et grillée, puis laquée de sauce teriyaki. Pas mal, voire excellent si l’on prend en compte le riz sauté qui l’accompagnait.
A la carte d’Hokusaï, des classiques nippons servis dans des assiettes au design soigné.
Autres options possibles, les sushis traditionnels, les « rolls » de la maison, jolis rouleaux à la ventrèche de thon rouge, au saumon-crevettes-shiso, ou au thon-tempura de crevette, signature de la maison. Attention quand même, pour rester raisonnable à midi, mieux vaut ne pas dévier du menu du jour.
Hokusaï : Hôtel Metropolitan au 3, rue des Belles Feuilles, Paris (XVIe). Tél. : 01.56.90.40.12. Formule déjeuner à 29 euros (deux plats) et 34 euros (trois plats). À la carte, comptez 40 à 60 euros.
Elbi, la joie de vivre, et de manger
Plus que jamais, il faut aller dans les endroits qui font du bien ! Chez Elbi, qui veut dire « cœur », vous êtes quasi sûr de comprendre ce que le mot « kif » signifie. Le bistrot d’Omar Dhiab, un chef d’origine égyptienne et tunisienne par ailleurs étoilé dans son restaurant de la rue Hérold (Paris Ier), est une invitation à la joie.
Au départ, on peut être surpris par la déco et surtout le choix du matériau, l’inox des tables et des chaises, là où la plupart des restos privilégient le bois. Mais ça change, et ça fonctionne même super bien avec l’ambiance musicale, idéale pour une soirée entre potes.
Le chef Omar Dhiab rend hommage à ses racines égypsiennes et tunisiennes dans son restaurant, Elbi, rue de Paradis.
Quant à la cuisine, elle vous embarque. La carte est rubriquée en fonction des températures de cuisson : vapeur (à 80 degrés), frit (à 180 degrés), grillé (à 350), rôti (à 400). Je ne sais pas si ça aide à passer commande, mais pourquoi pas ? En tout cas, il faut goûter le magnifique poulet grillé posé sur une sauce à la « mloukhia », nom arabe de la corète, une herbe très aromatique commune aux traditions égyptiennes et tunisiennes, même si leurs préparations diffèrent.
Autre trouvaille du chef, une romaine braisée au jus de couscous, que lui a inspiré le souvenir du chou dans le bouillon du couscous de sa tante. Une merveille. Sinon, l’un des plats signatures d’Elbi, c’est ce petit pain égyptien fourré de bœuf, d’agneau et de fromage haloumi, l’hawawchi, qui est vraiment irrésistible. J’ai aussi adoré le riz aux vermicelles, couvert d’oignons dorés. Franchement, c’est une magnifique adresse !
Elbi : 54, rue de Paradis, Paris (Xe). Tél. : 01.42.26.40.14. Assiettes de 8 à 38 €.