Les deux Gaulois les plus connus de France ont trimbalé leur moustache un peu partout sur le globe depuis 1959. Mais avant le Portugal, dans le dernier opus, les créateurs Goscinny et Uderzo ont fait déambuler Astérix et Obélix dans les plus belles bourgades du pays dans l’album Le Tour de Gaule (1965).
L’histoire. Vexés de ne pas venir à bout du seul bastion résistant à l’envahisseur, les Romains décident d’isoler le village gaulois du reste du monde en bâtissant des barricades autour. Bien peu de choses pour nos héros. Ils feront un tour de Gaule et ramèneront même des spécialités culinaires de chaque région pour un grand banquet final.
Les aventures d’Astérix dans l’album Le Tour de Gaule (1965) d’Uderzo et Goscinny. Capture Astérix Le Tour de Gaule
Des quenelles et du saucisson
Forcément, leur route passe par Lyon, ou plutôt Lugdunum. Et quoi de plus logique quand il s’agit de nourriture. Leurs déboires ne vont pas leur permettre de découvrir la gastronomie lyonnaise, attablés à un bouchon aux nappes à carreaux mais ils repartiront tout de même avec ce qu’ils étaient venus chercher : du saucisson et des quenelles offerts par un habitant. À ajouter dans le gros sac.
Beaufix, le Jean Moulin gaulois
Les déboires d’Astérix et Obélix sont nombreux. Traqués et attendus par une horde de Romains tout au long de leur parcours, ils ont besoin d’aide. C’est ainsi qu’apparaît Beaufix. « Je suis le chef clandestin de la ville et nous allons vous aider en mettant la garnison romaine hors d’état de nuire », se présente-t-il.
Beaufix, le chef clandestin de la ville. Capture Astérix Le Tour de Gaule
Un homme dissident à Lyon, défiant l’autorité en place ? Cela nous fait furieusement penser à Jean Moulin, le plus célèbre des résistants durant l’occupation allemande. Une bonne partie de son action s’est déroulée à Lyon, capitale de la Résistance, avant d’être arrêté par Klaus Barbie, le chef de la Gestapo. Ici, pas de chapeau ni d’écharpe rouge mais une moustache, des tresses, un tablier de cuisinier et surtout, un homme sur lequel compter.
Perdre les Romains dans les traboules
Sans dévoiler les dessous de l’intrigue, Beaufix va avertir les Romains de l’arrivée des Gaulois pour mieux les embobiner. Objectif, utiliser les spécificités de la cité. « Lugdunum possède une quantité de ruelles, un vrai labyrinthe dans lequel les Romains hésitent à s’engager. Nous allons les décider », lance Beaufix.
Les fameuses traboules de Lugdunum. Capture Astérix Le Tour de Gaule
Ici, la référence aux traboules est évidente. Ces passages – presque secrets – qui permettent de circuler d’une rue à l’autre en passant sous les maisons et habitations, via couloirs, cours, escaliers, sont légion à Lyon. Au nombre de 500, elles ont été construites autour du IVe siècle et ont été un élément clé de la Résistance à Lyon.
Sur les planches de la BD, on distingue bien ce dédale de chemins qui font tourner les Romains en bourrique. Un peu plus loin, on peut admirer la cité. Tout y est : le théâtre et les monuments gallo-romains sur les hauteurs, la ville et les traboules au pied de la colline, le pont au-dessus du fleuve…
Le pont, la colline, la ville, le théâtre antique. Capture Astérix Le Tour de Gaule
L’affaire du courrier de Lyon
Les auteurs ont également offert un petit clin d’œil historique. Pour se rendre à Lugdunum depuis Divodurum (Metz), les Gaulois sont à la recherche d’un véhicule. Ils tombent par hasard sur un légionnaire transportant du courrier officiel à Lugdunum. Ni une ni deux, Astérix et Obélix bâillonnent le Romain et prennent la route. De quoi lui faire dire : « On n’a pas fini de parler de l’affaire du courrier de Lugdunum. »
La référence est historique et judiciaire. En 1796, une voiture qui transportait du courrier et beaucoup d’argent de Paris à Lyon a été attaquée et pillée. Cinq hommes ont été condamnés, quatre guillotinés. Sauf que l’un d’eux a été innocenté après coup. Un scandale judiciaire dont on n’a pas fini de parler…
Le Tour de Gaule d’Astérix, Uderzo et Goscinny, 1965, éditions Hachette, 48 pages, 10,90 €.