Réalité, ou réalité amplifiée ? La communication de guerre incite à la méfiance, et le conflit en Ukraine n’y fait certes pas exception. Depuis 2022, Russie comme Ukraine se targuent de créer des technologies toujours plus novatrices pour détruire l’ennemi. Certaines sont le fruit du dur labeur des unités stratégiques et techniciens, d’autres sont le fruit de l’exagération. Cela ne semble toutefois pas être le cas du système Orbita, dont l’élaboration a été annoncée par l’agence russe TASS, et relayée par Forbes. L’innovation, basée sur l’IA et des algorithmes de réseaux neuronaux, offrirait aux pilotes de drones la possibilité de contrôler leurs engins à des centaines de kilomètres du front, grâce à l’intelligence artificielle.

Cette solution est d’autant plus vitale pour Moscou que Kiev a récemment ajusté son système ePoints – en vertu duquel les éliminations rapportent des points permettant d’acquérir de nouveaux équipements – de sorte qu’un opérateur de drone vaut désormais plus qu’un char.

Des contrôleurs positionnés à Moscou ?

Le projet Orbita est piloté par le Centre pour les systèmes et technologies sans pilote (CUST), un organisme créé en 2024 qui revendique le soutien de plus de 200 startups russes. Sa mission : contourner la lenteur de l’industrie de défense traditionnelle et livrer rapidement des solutions innovantes. Selon Forbes, CUST a déjà fourni plus de 30 000 drones au front, dont les fameux Skvorets (« Étourneaux »), capables de transporter jusqu’à 3,6 kg d’explosifs.

Les promesses sont nombreuses : réduction du temps de formation de quatre semaines à une heure, automatisation partielle du ciblage et supervision à distance. Dans les faits, un simple soldat sera chargé de déployer physiquement l’appareil sur la ligne de front, tandis que l’opérateur, installé à l’arrière – parfois même à Moscou –, supervise les frappes.

L’innovation bénéficierait d’un soutien politique direct du parti Russie Unie, la formation de Vladimir Poutine. Une caution qui illustre l’importance symbolique de cette initiative pour le Kremlin.

Des guerres humaines, sans humains

Pour autant, la perspective d’un opérateur formé en une heure, capable de frapper à des centaines de kilomètres, interroge. Des précédents existent : la société israélienne XTEND a montré qu’une interface enrichie par l’IA pouvait transformer n’importe qui en pilote efficace, jusqu’à des distances intercontinentales. Mais rien ne garantit que Moscou puisse égaler ce savoir-faire.

Si la technologie tient ses promesses, elle pourrait accélérer une évolution déjà amorcée : l’autonomisation totale du combat, où la présence humaine sur le champ de bataille deviendrait marginale. Drones lancés par des soldats de première ligne, transportés par navires-robots ou véhicules téléguidés, puis dirigés à distance par des opérateurs protégés… La présence d’opérateurs à quelques mètres des lignes de front sera sans doute un jour une situation aussi archaïque qu’un assaut de cavalerie.

Article initialement publié le 16 septembre.