Le 16 octobre dernier, leur action avait surpris nombre de Marseillais qui s’étaient retrouvés coincés en heure de pointe aux abords du rond-point du Prado. À l’issue de leur mobilisation, les forains de la Plaine avaient annoncé une nouvelle manifestation ce mardi 4 novembre, après-midi, de la place Jean-Jaurès au rond-point du Prado. Ils avaient même averti qu’ils seraient sans doute plus nombreux encore que les 90 camions qui avaient paralysé le secteur mi-octobre.
Finalement, ce vendredi 31 octobre, les syndicats ont déclaré suspendre leur action. « Dans un esprit d’apaisement et de dialogue, nous avons décidé de reporter la manifestation prévue le 4 novembre dans l’attente d’un rendez-vous fixé par la mairie le 7 novembre, écrivent les représentants du syndicat Marchés de France et du syndicat général des commerçants non sédentaires de Marseille et des Bouches-du-Rhône dans un communiqué. Notre objectif n’est pas de perturber, mais de faire entendre la voix des commerçants passionnés, qui demandent simplement des conditions de travail dignes et une meilleure considération pour leur profession. »
Au cœur de leurs revendications, les arrêtés municipaux d’occupation qui leur permettent de travailler. « Contrairement à nos collègues de Noailles, de la Belle-de-Mai, de la Joliette ou de la place Sébastopol, lorsque nous avons pu retrouver la place le 3 mai 2022, après quatre ans de travaux, la Ville n’a pas repris nos anciens arrêtés mais en a signé de nouveaux, de trois ans, renouvelables une fois », explique Nahema Zemour, présidente du syndicat général des commerçants non sédentaires de Marseille et des Bouches-du-Rhône.
Appel à davantage de reconnaissance
Depuis le 3 mai dernier, seuls 18 forains – ils sont aujourd’hui 268 à la Plaine – ont reçu leur arrêté, cette fois non renouvelables. « C’est ce qui nous a fait monter au créneau, parce que ce n’est pas du tout ce qui avait été convenu avec Roland Cazzola, l’ancien élu en charge des emplacements, tempête Nahema Zemour. Il y a des forains qui travaillent ici depuis trois générations, comment fera celui qui, à plus de 60 ans, devra retrouver un emplacement quelque part s’il n’est pas renouvelé ? Et comment feront ceux qui ont attendu quinze ans pour décrocher un arrêté ? »
Ce qui fait bondir les forains de la Plaine, c’est que si leurs arrêtés ont été modifiés, le règlement, lui, est resté le même depuis 2017, faisant fi de toutes les évolutions. Pour les syndicats, les importantes difficultés de fonctionnement relevées depuis plusieurs mois au sein du service des emplacements sont notamment « liées à un manque de personnel ». Avec pour conséquences « l’impossibilité d’assurer un suivi efficace, des retards dans la gestion administrative, une mauvaise coordination sur le terrain et une incompréhension générale quant aux retours et aux décisions prises. »
Ils ajoutent que « les engagements concernant le renforcement des effectifs n’ont pas été concrétisés », entraînant pour les forains « perte de clientèle, tensions entre commerçants, désorganisation sur les sites et déséquilibre dans la répartition des types de vente ».
En outre, le fait de devoir passer par Allô Mairie pour obtenir un rendez-vous avec un agent du service des emplacements passe mal : « Les commerçants ne sont ni des réclamations de voirie ni des objets urbains, ils représentent un pan entier de l’économie locale et méritent un interlocuteur dédié et compétent », pointent les représentants des syndicats dans le communiqué. « On ne demande rien d’extraordinaire, juste que l’ancienneté, l’investissement et le travail des commerçants non-sédentaires soient respectés », conclut Nahema Zemour.