Il a davantage l’habitude d’être derrière l’appareil photo que de se faire tirer le portrait, dont il a fait pourtant l’une de ses spécialités. Récemment arrivé en Cornouaille, le photographe indépendant Matthieu Munoz a posé ses valises à Quimper après une carrière richement fournie en région parisienne entre autres.
« J’ai grandi du côté du Morbihan, entre Vannes et Auray », retrace le quadragénaire qui, après des études de cinéma et d’infographie à Rennes 2, s’est ensuite dirigé vers la photo. « J’avais déjà eu un petit compact pendant mes études, mais je me suis acheté un réflex numérique lors d’un voyage à Singapour. Mon père, qui est passionné, m’a d’abord donné quelques conseils et je me suis formé en autodidacte. »
De Pascal Ito au festival de Cannes
Au culot, il démarche des photographes spécialisés en portrait de célébrités au début des années 2010. « Comme j’avais des compétences en infographie, Pascal Ito [photographe de star et de presse, NDLR] m’a choisi pour l’assister en post-production, en sourit aujourd’hui Matthieu Munoz. Finalement, au fil du temps, il m’a fait de plus en plus confiance. »
À Paris, le photographe en profite aussi pour mettre un pied sur des plateaux télés et radios comme Europe 1 ou RTL, réalise aussi des photos de presse.
« Et puis, j’ai eu la chance qu’une agence de presse à laquelle j’avais postulé me propose un poste de photographe de rue remplaçant pour couvrir une édition du Festival de Cannes », se remémore-t-il. La première des douze qu’il affiche aujourd’hui au compteur. « Cette année-là, j’ai croisé Milla Jovovich et Takeshi Kitano, l’un de mes réalisateurs préférés. »
Bain de foule, danse mythique et explication à Denzel Washington
Après cette première édition, le néo-Quimpérois est confirmé par l’agence de presse pour s’occuper des tapis rouges et des photocalls. « C’est très réglementé. Chaque photographe a un numéro et sa place. Moi, je ne suis pas très loin des escaliers », détaille celui qui, évoluant dans un tel environnement, ne manque pas d’anecdotes. « Je pense à une année où Brad Pitt et Angelina Jolie étaient encore en couple. Il était revenu la chercher au début du tapis rouge avant de le remonter ensemble. C’était un moment assez fou parce que tous les photographes les suivaient. J’ai pris un énorme bain de foule on peut dire », s’amuse-t-il.
Il évoque également la montée des marches de Quentin Tarantino, Uma Thurman et John Travolta en 2014 pour les vingt ans de « Pulp Fiction ». « Ils avaient repris la danse mythique du film. À ce moment-là, je me suis dit “ouah, c’est kiffant. Je suis en train de les voir danser” », se rappelle Matthieu Munoz. Le passage de la patrouille de France au-dessus des acteurs de « Top Gun : Maverick », il y a également assisté, tout comme la « galère » de savoir où donner de la tête avec le casting XXL de « Expendables ». « Cette année, j’ai vécu un moment un peu lunaire parce qu’une collègue à côté de moi travaillait avec un prisme. Denzel Washington est venu nous voir pour nous demander à quoi ça servait et j’ai discuté un peu avec lui », se souvient dans un sourire le photographe.
« J’adore ce petit moment de découverte entre le photographe et son sujet »
Désormais installé à Quimper, où il compte s’établir à temps plein à partir de début 2026, Matthieu Munoz entend proposer ses services en Cornouaille notamment. « J’adore le rapport humain, ce petit moment de découverte entre le photographe et son sujet », assure celui qui se dit avant tout en recherche « d’authenticité : il ne faut pas mentir sur qui tu es ».
S’il considère que le portrait « est sa spécialité », celui qui a fait beaucoup de books pour des artistes, comédiens, modèles, danseurs, mais aussi pour des entreprises, veut aussi s’ouvrir des portes en se formant parallèlement à l’intelligence artificielle. « J’aimerais bien surprendre, aussi », conclut-il.
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