Reda M., qui vivait au numéro 65 de la rue d’Aubagne, n’a pu y réchapper que grâce à ses horaires de travail et à son départ très matinal de son domicile.

/ PHOTO ARCHIVES Frédéric Speich

Le drame de la rue d’Aubagne du 5-novembre 2018, continue, même sept années après, à drainer du malheur dans son sillage. Cette fois, le sort s’acharne sur Reda M., 52 ans, ressortissant tunisien et habitant du 65, rue d’Aubagne jusqu’au matin des effondrements et reconnu victime par le tribunal en 2023.

Sans papiers, il a été interpellé lors d’un contrôle d’identité puis placé début septembre au centre de rétention administrative (CRA) du Canet (14e), avant d’être expulsé vers la Tunisie entre le 25 et le 26 octobre. À quelques jours de la commémoration de la septième année du drame qui a fait huit morts, le collectif du 5-Novembre s’est ému et indigné sur les réseaux sociaux.

Dans un communiqué, ses membres demandent au président de la République Emmanuel Macron une grâce « au vu de la situation exceptionnelle de Reda M., de l’importance du respect de toutes les victimes de la rue d’Aubagne en vue de la réparation morale de notre ville et au nom du simple devoir d’humanité ». Ils estiment cette décision d’expulsion, motivée par un « délit mineur » en 2023 et une peine d’interdiction du territoire français (ITF) qui devait expirer dans quelques mois, « disproportionnée » et en appellent à la clémence.

Pour Benoît Payan, « Reda M. doit être ici, à Marseille »

Il était partie civile au procès qui a secoué les proches des victimes à l’automne dernier, et il devait de nouveau être appelé à témoigner lors de l’audience en appel qui doit se tenir dans plus d’un an.

Le cas de Reda M., en situation très précaire depuis 2018, a interpellé jusqu’au maire (DVG) Benoît Payan et aux parlementaires de gauche de Marseille et des Bouches-du-Rhône. L’édile de Marseille réclame aussi l’attention du président : « Reda M. doit être ici, à Marseille, au côté des victimes du drame du 5-novembre », faute de quoi il ne pourrait correctement participer à la suite de la procédure judiciaire. Il rappelle aussi que le quinquagénaire est en mauvaise santé, encore traumatisé par le drame, dans lequel il a perdu toutes ses affaires et des amis.

L’effet rebond de cette décision se manifeste aussi par une lettre commune signée par Manuel Bompard (LFI), Sébastien Delogu (LFI), Laurent Lhardit (PS), Hendrik Davi (L’Après) et les sénateurs Guy Benarroche (Écologiste), Marie-Arlette Carlotti (PS) et Jérémy Bacchi (PCF). Ils s’associent au collectif du 5-Novembre pour réclamer la grâce présidentielle. Le la lui accorder « serait un geste fort : celui de la réparation d’une injustice, d’une reconnaissance envers une victime, qui malgré la souffrance, aspire simplement à se reconstruire dignement, et un geste d’humanité envers toutes les victimes de ces effondrements ».