Michel Sardou sort de sa retraite. Un an et demi après avoir déménagé à Bormes-les-Mimosas (Var), deux ans après avoir donné son ultime concert, le chanteur revient dans la lumière pour célébrer ses 60 ans de carrière. Deux gros livres, une compilation de ses 60 plus grands succès et un documentaire lui sont consacrés en novembre. Et il faut bien en faire la promotion…

Lui qui veut se faire oublier a finalement accepté d’accorder trois interviews. La première, d’une douzaine de minutes, est signée Audrey Crespo-Mara pour le magazine « Sept à huit », ce dimanche sur TF 1. Et fidèle à sa légende, il y est aussi franc du collier que drôle, un rien cabot, sur sa nouvelle vie dans le Sud comme sur l’actualité du monde, qu’elle concerne son ami Nicolas Sarkozy ou le féminisme.

Sa réponse aux féministes

Sur ce terrain miné, où il a été maintes fois attaqué pour ses chansons et ses déclarations, il ne bouge pas d’un iota : « Les féministes ont toujours tort, clame-t-il. Je dis une chose sur scène, mais c’est comme une pièce de théâtre, je joue un rôle (…) C’est un métier de menteur. Les féministes qui prennent ça au pied de la lettre, ce sont des connes ! » Carrément ? « Carrément. »

Interrogé sur une prise de parole sur le consentement qui avait fait polémique lors de sa dernière tournée, il en remet une couche sur l’écologiste Sandrine Rousseau, qu’il vilipendait déjà sur scène. « On peut rire de tout, estime-t-il. Je trouve qu’il y a un dérapage du féminisme Rousseauin (sic), qui m’énerve. Ça coupe la vie en deux. Une femme, c’est ravissant, c’est aussi un copain, une amie. Ce n’est pas seulement ses fesses qui m’intéressent. »

Il est moins agacé par Marine Le Pen. « Elle dit souvent des conneries, mais elle plaît beaucoup au peuple » analyse-t-il. Il découvre qu’elle utilise « Les Lacs du Connemara » dans ses meetings. Mais ne la condamne pas. « Elle n’a pas à me demander mon autorisation », assure-t-il. Les extrêmes ? Il rappelle qu’il est « gaulliste » mais est certain que « si on continue à être mécontents comme ça, on accouchera d’un extrême ».

« De tout mon cœur » avec celui qui l’a marié à Neuilly

Il est beaucoup plus bienveillant avec Nicolas Sarkozy, condamné et incarcéré. L’ancien maire de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) l’a marié en octobre 1999 avec Anne-Marie Périer. L’un des plus beaux moments de sa vie. « L’avez-vous soutenu ? » demande la journaliste. « Je l’ai eu au téléphone, j’ai eu un homme qui voulait se battre, répond-il. Je peux vous faire un aveu ? Ça ne m’a pas plu du tout qu’on mette en prison le président de la République, ça ne se fait pas. »

Il ne remet pas en cause le jugement. « Que ce soit clair, la justice fait son boulot, qu’elle ait raison ou tort, je ne suis pas compétent, précise-t-il. Mais intérieurement, ça m’a gêné, ça m’a fait de la peine. Je me suis dit on est mal barré là si on commence à mettre un président en prison. Mais je ne lui ai pas dit ça (à Nicolas Sarkozy). Je lui ai dit je suis avec toi de tout mon cœur. »

Côté privé, il ne se donne pas toujours le beau rôle. Il reconnaît avoir été avec ses quatre enfants un « père absent, peu démonstratif mais clément ». Quant au grand-père… Pas question de garder son petit-fils de 18 mois, qu’il décrit « très marrant et vif ». Il raconte : « La dernière fois, ses parents s’en vont. Je leur ai dit : Ne me le laissez pas, je ne sais pas m’y prendre avec un enfant, je ne sais pas le nourrir avec un petit pot, je n’ai jamais fait ça. »

Sinon, quoi de neuf dans sa villa varoise ? « Je ne fais rien, absolument rien, avoue le retraité. Je n’ai jamais été aussi bien. Je ne vois personne, je suis un loup solitaire, caché dans la montagne. Enfin j’exagère un peu, je vois la famille. Mais je ne m’ennuie jamais seul. » Et la mort ? Il n’en a pas peur. « Ce que je ne veux pas devenir, c’est un légume à la charge de ma femme, de mes enfants », annonce celui qui ne porte pas une croix chrétienne mais un cercle de vie tibétain. Il rit : « Ça me donne le moral. »