L’institution européenne, trop bureaucratique et technocratique, joue en défaveur des aspirations communes à l’échelle du continent.
Quelle belle idée originelle que celle de l’Europe. Pas seulement un continent mais un ensemble de pays partageant de mêmes valeurs, une façon de vivre et une histoire commune. Ce que d’aucun appellerait une « identité ». Comment cette vision porteuse d’une forme d’idéal a-t-elle pu se transformer en un véritable carcan, devenir un repoussoir et susciter un désamour manifeste ?
Confiez donc les clefs du camion à des technocrates et des politiciens à la petite semaine. Et nous voilà au cœur de l’Union Européenne, cette gigantesque machine à mettre en œuvre des réglementations, des commandements, des alinéas, à inventer des contraintes, des restrictions, à créer l’uniformité au lieu d’agréger les différences et les vocations. Et aussi à subir l’influence de lobbies hyperprésents à Bruxelles comme à Strasbourg.
Normes à gogo
Cette semaine seulement, deux directives pondues par la très bureaucratique Commission Européenne sont venues nous rappeler la propension de l’administration continentale à étouffer les libertés individuelles: la première impose aux conducteurs une visite médicale régulière afin de conserver l’indispensable permis. Après le contrôle technique automobile, institué en 1992, une sorte de contrôle technique du conducteur à caractère obligatoire et suspensif.
La seconde institue la fin du découvert bancaire automatique. Au-delà d’une limite fixée à 200€, les banques pourront appliquer des règles traditionnelles de crédit à partir de la fin 2026. Il est vrai que l’on se trouvait jusque-là dans une sorte de zone grise, autorisant les établissements à faire preuve de largesse et de compréhension vis-à-vis de leurs clients.
Exaspération
Comment compliquer les choses lorsqu’elles sont simples ? Comment créer un labyrinthe de normes, un dédale de mesures et d’obligations sous couvert d’ « harmonisation » ? Comment exaspérer les citoyens déjà usés par les servitudes ? L’Europe, pourtant connue jusqu’ici pour être un espace de liberté et de créativité, en connaît assurément un rayon dans ce domaine. Et si elle était devenue, à force d’habitudes, la pire ennemie de l’idéal européen ?
Marc François
Photo Fanny Raynaud
