Par
Karina Pujeolle
Publié le
3 nov. 2025 à 7h17
Le 13 novembre 2015, Paris était frappée par des attentats terroristes au Stade de France, aux terrasses de cafés et au Bataclan. C’était il y a dix ans.
« La menace n’a pas disparu »
«Chacun se souvient de l’endroit où il se trouvait, de ce qu’il faisait ce soir-là », précise Philippe Duperron, le président de 13onze15 : fraternité et vérité, l’association d’aide et de soutien aux victimes des attentats de Paris, et père de Thomas, jeune homme de 30 ans originaire d’Alençon, tué au Bataclan.
10 ans que nous, victimes directes de ces attentats, avançons sur nos chemins de blessures et de deuils intimes.
Association 13onze15
« Mais 10 ans au cours desquels nous avons vu aussi le monde changer. La menace qui nous a si durement frappés n’a pas disparu, elle s’est transformée. »
« Ne pas rester enfermés dans un statut de victimes ancrées dans le passé »
Ce 13 novembre de cette année 2025, « nous allons, comme tous les ans, nous tenir aux côtés des familles endeuillées et des rescapés blessés et marqués par ces attentats. Nous allons prendre le temps de déposer des gerbes de fleurs, de répéter les noms des 133 victimes qui ont perdu la vie pour qu’elles ne soient jamais oubliées. Mais nous sommes déterminés à ne pas rester enfermés dans un statut de victimes ancrées dans le passé. Nous voulons agir pour un avenir différent », annoncent les membres de l’association 13onze15.
Aussi, mardi 4 novembre, elle réunit « des personnalités, chacune experte dans son domaine », à la Maison de la Chimie à Paris. « Intellectuels, scientifiques, sociologues, artistes, médecins : nous leur demandons de nous éclairer sur ce qu’il s’est passé il y a 10 ans et ce qu’il se passe pour notre société aujourd’hui, maintenant. »
Vidéos : en ce moment sur ActuTrois tables rondes
Parce qu’à l’heure de la commémoration des 10 ans des attentats de Paris – et plus encore pour honorer la mémoire des 130 morts – les membres de l’association 13onze15 ont voulu « créer un événement qui suscite la réflexion ».
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La journée intitulée « La mémoire du 13 novembre 2015 : un enjeu citoyen », organisée ce mardi 4 novembre 2025 à la Maison de la Chimie à Paris, s’articule en trois tables rondes avec « une multitude d’invités » et un modérateur pour chaque.
La première, à 10 h, a pour thème : « Se souvenir de chacune des victimes tuées, de chacune des victimes survivantes ». Elle rassemble Thierry Baubet (de l’AP-HP), Elisabeth Pelsez (du musée Mémorial du Terrorisme), Denis Pechanski (du CNRS), Julien Rencki (directeur général du fonds de garantie des victimes) et, en modératrice : la journaliste de France-Inter, cheffe du service Police-Justice, Sarah Ghibaudo.
La 2e table ronde, à 14 h 30, s’intitule « Se rappeler pourquoi et comment on en est arrivé là » et réunit Myriam Benraad (politologue au CNRS), Christophe Dubois (grand reporter), Jacques Fath (spécialiste des relations internationales), Hugo Micheron (spécialiste du Moyen-Orient) et Marie-Christine Tabet (grand reporter). La modération est assurée par Mathieu Delahousse, grand reporter au Nouvel Obs et auteur de « La Chambre des coupables » (Fayard).
La 3e table ronde, à 16 h 30, est consacrée aux « Victimes devenues artistes et artistes faisant le récit des victimes ». Elle est animée par Catherine Bertrand (illustratrice et autrice de « Chroniques d’une survivante » (Ed. La Martinière)), Laurent Gaudé (auteur de « Terrasses » (Actes Sud)), Mikhaël Hers (réalisateur du film Amanda (2018)), Pauline Susini (autrice et metteuse en scène). Modérateur : Georges Salines, le président fondateur de 13onze15 : fraternité et vérité.
« On a fait du bon travail »
Philippe Duperron a rejoint l’association 13onze15 en tant qu’administrateur dès sa création « pour aller à la pêche aux infos et pour aider ».
Avocat alors fraichement retraité du barreau d’Alençon (Orne), il avait déjà goûté à l’engagement associatif via la Sauvegarde de l’Orne.
En 2017, Georges Salines, le fondateur de 13onze15, a lâché la présidence. Philippe l’assume depuis.
L’objectif, c’était de porter l’association « au moins jusqu’au procès ». Défi relevé.
« Dix ans après, on peut dire que l’association a fait le job. Face à des interlocuteurs pertinents de la justice et de la sphère politique, on a fait du bon travail pour perpétuer la mémoire », concède Philippe Duperron.
« On est tout le temps dedans »
Dix ans plus tard, il reconnaît aussi que cet engagement a certes permis de « tisser des liens, comprendre, accompagner » mais qu’au quotidien, tout cela fut aussi « très lourd » parce qu’on est « tout le temps dedans » : « Ça oblige à avoir l’esprit qu’à cela ».
Dans ce tourbillon d’aide aux victimes et de quête juridique, Philippe avoue avoir « parfois culpabilisé parce que je voulais en faire plus » et n’avoir « jamais eu l’esprit en paix ».
Philippe et Chantal Duperron, les parents de Thomas, aspirent désormais à « passer à autre chose, sans oublier, mais pour se libérer l’esprit ».
Philippe devrait donc rendre son tablier de président à l’issue de ce 10e anniversaire. Sa vice-présidente Dominique Kielemoes devrait lui succéder.
« Mémoire du 13 novembre 2015, un enjeu citoyen », mardi 4 novembre 2025, à la Maison de la Chimie à Paris (places limitées), ou en visio.
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