« J’ai entendu des gens crier : « Courez, courez, il y a un homme qui poignarde tout le monde ». J’ai d’abord cru à une mauvaise blague pour Halloween », a raconté à la BBC un des passagers témoins de l’attaque au couteau dans un train samedi soir dans le nord de l’Angleterre. D’autres passagers ont décrit des scènes de panique et des victimes ensanglantées appelant à l’aide.

Le train qui se dirigeait vers Londres s’est immobilisé après le déclenchement du signal d’alarme et plusieurs appels aux services de secours. Deux suspects ont été arrêtés par la police, dont l’un a été disculpé par la suite. Deux des 11 blessés étaient toujours dans un état critique ce dimanche.

Le mobile des coups de couteau reste flou mais les enquêteurs n’ont pas d’élément laissant penser à un acte terroriste. Le suspect est un Britannique, un homme noir de 32 ans né au Royaume-Uni. La police a fait usage d’un pistolet à impulsions électriques pour l’arrêter alors qu’il brandissait un grand couteau. Le Daily Mail a diffusé une vidéo tournée avec un téléphone portable montrant l’homme plaqué au sol et criant « Tuez-moi, tuez-moi ».

La crainte de nouvelles émeutes anti-musulmans

La police a donné rapidement des détails sur la nationalité britannique du suspect pour couper court aux fausses rumeurs sur les réseaux sociaux. L’attaque a été récupérée par des comptes proches de l’extrême-droite accusant des migrants africains et musulmans d’être coupables du bain de sang alors que le suspect est né au Royaume-Uni. Les mêmes internautes cherchent à mettre de l’huile sur le feu en falsifiant les statistiques sur la part des étrangers dans la criminalité outre-Manche.

La remise en liberté par erreur il y a une dizaine de jours d’un demandeur d’asile éthiopien condamné pour l’agression sexuelle d’une femme et d’une adolescente de 14 ans a contribué à conforter les accusations de laxisme contre le gouvernement. L’homme de 38 ans a été retrouvé puis expulsé vers l’Éthiopie.

De nouvelles directives ont été données aux policiers britanniques depuis les émeutes anti-musulmans qui avaient suivi l’attaque au couteau dans une école de danse de Southport en juillet 2024. Trois fillettes de 6 à 9 ans avaient été tuées. Les réseaux sociaux avaient faussement accusé un immigré musulman alors que l’auteur était un jeune Britannique de 17 ans d’origine rwandaise, fasciné par Hitler et le génocide au Rwanda.

Six attentats déjoués en France en 2025

Six attentats ont été déjoués en France depuis le début de l’année 2025, affirme le ministre de l’Intérieur dans Le Parisien. Laurent Nunez ajoute que la menace endogène est toujours présente, « avec des personnes présentes sur le territoire qui cèdent à la propagande de l’État islamique et qui passent à l’action ». Laurent Nunez parle aussi de « cellules dormantes » qui sont surveillées étroitement. Les personnes interpellées pour des projets terroristes sont « de plus en plus des mineurs ou des jeunes majeurs, qui sont parfois perturbés psychologiquement ». Le ministre fait état d’un phénomène nouveau : des jeunes qui peuvent passer de l’ultra-droite à l’islamisme radical ou l’inverse, « moins par idéologie que par fascination de l’action violente ».

Laurent Nunez se félicite par ailleurs de l’espoir d’une reprise de la coopération sécuritaire avec l’Algérie notamment dans la lutte antiterroriste, après des mois de brouille quand Bruno Retailleau était ministre de l’Intérieur. « Nous devons aller vers une coopération apaisée, mais qui doit rester exigeante », explique-t-il en constatant que « le bras de fer » décidé par son prédécesseur « n’a pas produit de résultat ». Laurent Nunez a reçu une invitation de son homologue algérien, un premier signe de dégel.

Le fléau des agressions au couteau

Les crispations de la société britannique sur l’immigration expliquent en partie la poussée du parti d’extrême-droite Reform UK de Nigel Farage, qui caracole en tête des sondages à plus de 30 %, loin devant le Parti travailliste du Premier ministre Keir Starmer et le Parti conservateur.

L’attaque dans le train vient rappeler que le Royaume-Uni est l’un des pays européens les plus touchés par le fléau des agressions au couteau, commises notamment par des mineurs. Keir Starmer a évoqué une « crise nationale ». D’après la BBC, 3 500 cas d’agressions à l’arme blanche ont été enregistrés dans les hôpitaux en 2024-2025, en baisse toutefois de 10 % en un an. En 2024, une vaste opération a permis à la police de récupérer 60 000 couteaux saisis ou remis par leurs propriétaires.