Le cancer peut-il devenir de l’art ? Et la photographie, une thérapie ? La maladie est au cœur de l’œuvre de Jo Spence, photographe londonienne morte en 1992 et exposée cet automne à Paris. A la galerie Treize, des poupées Barbie avec un trou à la place du sein, un petit squelette en plastique, une chaussure à talon rouge et surtout des dizaines de photographies témoignent de l’histoire de l’artiste, diagnostiquée d’un cancer du sein en 1982 puis d’une leucémie huit ans plus tard. Née à Londres en 1934, Jo Spence s’est vite définie comme une photographe «féministe et socialiste». Elevée dans une famille monoparentale de la classe ouvrière, d’abord secrétaire dans un labo photo, Jo Spence a ouvert son propre studio, portraitiste pour des familles, des mariages et des «femmes qui se sentent moches». Au cours des années 70, la photographie est pour l’activiste un outil de progrès social. Cofondatrice du collectif féministe Hackney Flashers, elle est aussi l’autrice d’une thèse («Contes de fées et photographie ou un autre regard sur Cendrillon») qui met en lumière le système d’oppression des contes.
A l’annonce de sa maladie, Jo Spence invente la «photothérapie». La photographie devient une cure, un médicament. Dans un petit théâtre de soi, où elle retourne l’appareil vers elle, l’artiste documente sa maladie et son combat. A la différence de