Il devait faire mieux que la SNCF, en remplaçant l’historique groupe ferroviaire sur la ligne Marseille-Nice, le 29 juin dernier. Quatre mois après son entrée en service, l’opérateur Transdev est déjà confronté à un préavis de grève, déposé par le syndicat Sud-Rail.

Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, la branche régionale de Sud-Rail annonce que ce préavis de grève, d’abord adressé aux cheminots, débutera mercredi 5 novembre à 19 h, et prendra fin une semaine plus tard, le 12 novembre, à 8 h.

Pour justifier ce préavis, le syndicat décrit des « avancées jugées trop faibles » et de « trop nombreux refus » de la part de la direction de Transdev Rail Sud Inter-métropoles (TRSI), en particulier concernant les salaires. « L’entreprise fait face à une crise sociale et à un contentieux salarial urgent, clame Sud-Rail, dont les responsables ont demandé à être reçus par la direction de Transdev. Elle doit apporter des réponses concrètes et immédiates à nos revendications. »

Des revendications sur les salaires et les conditions de travail

Dans un courrier adressé à la direction de Transdev, que La Provence a pu consulter, l’amélioration des conditions de travail, et des renégociations sur les salaires sont exigées. « Certains cheminots, qui viennent d’une autre filiale de Transdev, ont subi des pertes de 400 à 600 euros sur ce qu’ils touchaient avant, pointe le délégué syndical Frédéric Michel. En termes de conditions de travail, il y a régulièrement des heures supplémentaires imposées, et pas rémunérées, des périodes de travail de 12 h… Les salariés n’en peuvent plus. Il y a eu des démissions, et il va encore y en avoir. »

L’opérateur ferroviaire s’est vu attribuer la ligne Marseille-Nice en 2021, dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des lignes TER. Également candidat pour obtenir les lignes reliant Marseille à l’est de la Provence et aux Alpes, il a essuyé un camouflet mi-octobre, la Région ayant attribué le lot à une filiale de la SNCF.

Contacté, Transdev n’a pas répondu à nos sollicitations pour l’heure. À la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, autorité organisatrice de la mobilité, on laisse l’opérateur gérer la situation. « Nous laissons l’entreprise mener à bien les négociations, tempère Jean-Pierre Serrus, vice-président en charge des Transports. Nous ferons le bilan après le mouvement social, plutôt qu’avant. Je fais confiance à tout le monde pour que que nayons tous l’usager en tête. »

Selon un employé de l’opérateur, Franck (le prénom a été changé), la grève s’annonce « très suivie ». Le salarié, qui prévoit de se mettre en grève, décrit « des salaires très bas, des plannings incohérents et épuisants », de « déplorables » conditions de travail.

« Il y a déjà des gens qui ont démissionné », selon un employé

« Les repos sont au minimum, les conducteurs qui viennent d’être embauchés gagnent 2 000 euros par mois, moins qu’à la SNCF, poursuit-il. Il y a déjà des gens qui ont démissionné, parce qu’ils se retrouvent à faire des horaires assez monstrueux, pour des salaires minimaux. Et le planning de certains agents au sol est irrégulier. »

L’annonce de ce préavis intervient 2 mois après la publication de premiers résultats mitigés. De fin juin à mi-août, les trains de Transdev ont enregistré un taux de régularité de 84%, et ont suscité l’attention de l’Établissement public de sécurité ferroviaire, pour avoir notamment franchi un « carré », feu rouge en jargon ferroviaire.

Une  grève a déjà frappé Transdev en octobre, dans des dépôts de bus à Éguilles, Gardanne et Pertuis.. Un nouvel appel à la grève au dépôt d’Éguilles pourrait être lancé ce lundi.