Qui n’a jamais laissé son imagination vagabonder en contemplant une carte géographique ? L’exposition qui se tient actuellement au Lieu unique vient démontrer que, aujourd’hui encore, nombre de plasticiens s’ingénient à détourner les codes et conventions de l’art cartographique pour nourrir leur discours, souvent pessimistes, sur les questions climatiques, sociétales ou environnementales du moment.
Aux frontières de l’art brut et de la rêverie utopique
Retrouvant les codes esthétiques du Moyen-Âge, en peuplant les mers de monstres et les terres de géants inquiétants, François Burland redessine sur un mode épique les parcours des migrants tentant la périlleuse aventure de l’exil.
Apy Lands, fait d’œuvres collectives d’artistes aborigènes, nous présente des cartes tumultueuses où serpents géants et héros mythiques abondent. Loin de se vouloir un simple relevé topographique, ces cartes témoignent moins de l’état apparent du monde que des forces magiques qui, selon la tradition indigène, l’animent.
Aux frontières de l’art brut et de la rêverie utopique, l’Allemand Michael Golz continue, sans désemparer, une œuvre en permanente expansion, dessinant depuis l’enfance une carte d’un pays imaginaire en continuelle expansion. Infatigable dessinateur, il rajoute sans cesse de nouveaux réseaux hydrographiques ou routiers à ce royaume de fantaisie. Inutile de préciser que l’œuvre présentée ici n’est qu’un modeste échantillon de cette mosaïque à jamais « in progress ».
Plutôt que de confier ses visions au papier, c’est par la vidéo que l’Australien Liam Young nous laisse entrevoir un futur, sinon souhaitable, du moins possible. Son court-métrage de fiction, Planet City, anticipe une révolution urbanistique majeure. L’humanité, incapable d’affronter une nature en révolte, s’est en effet réfugiée dans une mégapole unique ; forte de 10 milliards d’habitants, cette ville cyclopéenne a pour singularité de tenir tout à la fois du cauchemar et du paradis.
Désireuse quant à elle de nous faire embrasser le monde de l’art et son histoire en un seul regard, Suzanne Treister relève ce pari vertigineux via un diaporama endiablé. Ce sont en effet pas moins de 25 000 photos d’œuvres tous styles, partant de la période pariétale jusqu’aux installations les plus contemporaines, qui défilent à un rythme quasi subliminal sur un écran circulaire. Effet hypnotique assuré.
«Dans les plis des cartes», au Lieu unique, quai Ferdinand-Favre jusqu’au 11 janvier. Entrée libre (fermé le lundi). Infos : lelieuunique.com