« Je serai un homme d’action. » Dès son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a malheureusement tenu parole. Les décrets présidentiels se sont enchaînés très rapidement, balayant les équilibres institutionnels construits depuis le Watergate. Le documentaire dresse le portrait d’un président déterminé à soumettre l’État de droit à sa volonté.
Trump revient au pouvoir animé d’un profond sentiment de revanche. Il n’a jamais digéré sa défaite de 2020 ni les enquêtes qui ont suivi. Tous ceux qui ont osé s’opposer à lui deviennent des cibles : procureurs, juges, fonctionnaires. Andrew Weissmann, un ancien procureur fédéral qui a enquêté sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle de Trump en 2016, en a fait l’expérience.
Durant ce second mandat, la loyauté a remplacé la compétence. Les limogeages se multiplient au sein des ministères, du FBI et du département de la Justice. Tout haut fonctionnaire critique est remplacé par un fidèle radical et nationaliste. La peur finit donc par s’installer : contester, c’est risquer son poste. Beaucoup préfèrent se taire plutôt que de dénoncer les abus du pouvoir, conscients qu’un mot de travers peut suffire à s’attirer les foudres de Trump.
L’arme politique des trumpistes
Pour s’assurer un contrôle total, Trump place à des postes clés des figures totalement dévouées à sa cause. Pamela Bondi, lobbyiste et ministre de la Justice pro-Trump, se félicite ouvertement de « servir sous la direction du président Trump ». Un ton presque révérencieux, qui révèle un glissement profond de la démocratie : la justice n’est plus un contre-pouvoir, mais un instrument du pouvoir trumpiste. Norm Eisen, avocat opposant, décrit face caméra un président incapable de supporter la moindre opposition : « Je vois un tocard passer ses nerfs sur l’institution, sur l’État de droit qu’il accuse de lui faire barrage. »
Le documentaire montre un chef d’État obsédé par le pouvoir et qui met donc en place une dérive autoritaire. Pour ses conseillers, comme Mike Davis, cette doctrine est la clé d’un « gouvernement fort, pour rétablir l’ordre ». « On doit avoir la main très lourde », lâche même Davis. Ils présentent également les assaillants du Capitole graciés comme des « martyrs », des propos qui relèvent d’une aberration totale.
Mais, derrière cette rhétorique de puissance, c’est la peur qui gouverne. Témoigner contre Trump, c’est risquer son emploi, voire pire. « Ils ont peur de parler, d’être poursuivis. Ils craignent de se faire remarquer. L’intimidation est devenue un mode de gouvernement », confie Peter Baker, journaliste au New York Times. Dans ce climat de tension, Trump n’a plus besoin de censure : l’autocensure suffit. Pour ses opposants, il affaiblit les fondations d’une démocratie que l’on croyait inébranlable. À mesure que défilent les témoignages, une question s’impose : jusqu’où l’Amérique laissera-t-elle son président redéfinir la loi à son avantage avec une doctrine extrémiste qui relève d’une absurdité sans limites ?
Trump contre la loi, Arte, 21 heures
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