Sur les nerfs. Malgré deux semaines de vacances, la tension n’est pas redescendue au collège Aristide-Briand, un établissement qui accueille 500 élèves de la 6e à la 3e et deux dispositifs ULIS, dans le quartier de Terrenoire. L’équipe éducative, qui compte une quarantaine de personnes, réparties entre les enseignants, les assistants d’éducation (AED) et les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), lance un signal d’alarme « car trop de collègues et d’élèves vont mal ».
Les professeurs avaient déjà identifié une « dégradation du climat scolaire au sein de l’établissement l’année dernière ». La situation ne s’est pas améliorée pour cette nouvelle rentrée. Pire, l’ambiance s’est encore détériorée.
« Le profil des élèves a beaucoup changé avec un public socialement plus fragile »
En réunion, ce lundi matin, le personnel de la cité éducative a pris la décision, à l’unanimité, de se mettre en grève pour une durée illimitée. Les élèves ont été accueillis et mis en sécurité et le service de cantine (200 demi-pensionnaires) a été maintenu. Ce mardi, le collège accueillera bien évidemment les élèves qui se présenteront mais très peu de cours seront assurés (en raison d’un nombre élevé d’enseignants grévistes) et le service vie scolaire sera sous représenté car fortement impacté par le mouvement.
Les classes surchargées, le manque criant de personnel d’AESH et AED et les faits d’incivilité cristallisent les revendications de l’équipe éducative. Cette dernière précise « que le profil des élèves a beaucoup changé avec un public socialement plus fragile ces dernières années ». Sans faire de lien de cause à effet, les enseignants ont constaté une hausse des conflits à gérer. Et de comparer l’année 2024-25, où la communauté « a convoqué 23 conseils de discipline et a réglé 58 faits d’établissement liés à de nombreuses incivilités. Depuis la rentrée de septembre, en six semaines, nous avons déjà dû prononcer 43 sanctions (mise en pied, exclusions) et gérer six situations de harcèlement. Deux conseils de discipline sont à l’ordre de jour d’ici la fin de cette semaine ».
« 11 collégiens sans AESH depuis le début de l’année »
La vie scolaire compte un Conseiller principal d’éducation et cinq AED, « ce qui est notoirement insuffisant ». En plus de ces problèmes d’indiscipline, le personnel éducatif est aussi confronté à un fort taux d’absentéisme et doit lutter contre le décrochage scolaire. « 16 élèves ont été signalés en décrochage scolaire, ce qui est beaucoup après six semaines de cours », indique ce professeur.
Les enseignants d’Aristide-Briand réclament à leur hiérarchie plus de postes d’AESH. « Nous avons de nombreux élèves à besoins éducatifs particuliers (OBEP) pour lesquels la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH) a notifié une AESH. Sauf que nous n’avons pas assez de postes. Seuls les élèves, ayant une AESH individuelle, sont pris en charge, 11 collégiens, ayant reçu une notification pour une AESH mutualisée, sont dépourvus d’accompagnement depuis le début de l’année. »
« Des classes surchargées accentuent les difficultés d’enseignement »
Le personnel gréviste pointe aussi du doigt des classes surchargées. « Trente élèves par niveau accentuent les difficultés d’enseignement », détaillent les professeurs. D’autant plus que les résultats des évaluations nationales, menés auprès des 117 élèves de 6e au collège de Terrenoire, attestent que ceux-ci sont en grande vulnérabilité en français. « 48 % sont en situation de fragilité et 26 % à besoin ».
L’équipe éducative en grève a transmis un mail à tous les parents d’élèves pour leur exposer la situation et a sollicité un entretien auprès de l’inspecteur d’académie pour que des moyens humains supplémentaires soient alloués au collège Aristide-Briand. Le personnel fait savoir : « Ce mouvement de grève est aussi l’expression du malaise et du désarroi des équipes de l‘établissement en l’absence de moyens pour accompagner au mieux nos élèves ».
Contacté par nos soins, le service communication de l’académie n’a pas encore répondu, à cette heure, à nos sollicitations.