Par
Anthony Bonnet
Publié le
3 nov. 2025 à 20h00
Le Domaine d’Harcourt (Eure) avait marqué les esprits au cours des hivers 2023 et 2024 en proposant un parcours lumineux et sonore intitulé « Merveilleux ». Cette balade enchantée au milieu des arbres, pensée comme « un ballon d’essai », avait séduit 26 000 visiteurs la première année, puis 40 000 lors de l’édition suivante, des chiffres au-delà des espérances.
Ce que les spectateurs vont découvrir à partir du samedi 6 décembre 2025 sera d’un niveau d’émerveillement bien supérieur, s’enthousiasme Alexandre Rassaërt, président du Département de l’Eure, propriétaire du site. « Nous passons un cap très important », confie-t-il au groupe Actu.
La fusion de la nature et de la lumière
Peu d’informations avaient filtré jusque-là sur ce projet d’envergure. Le voile a été levé ce lundi 3 novembre au cinéma d’Évreux devant un parterre d’invités. Grâce à de nombreux équipements techniques, Arbora Lumina rend hommage à l’héritage végétal et minéral du Domaine.
Une fusion de la nature et de la lumière qui se déploie en neuf tableaux immersifs, chacun révélant une facette des lieux.
C’est un parcours lumineux en extérieur, le plus grand de France voire d’Europe à ce stade, sur un temps d’environ une heure. En entrant dans la forêt d’Harcourt, on pénètre dans un autre monde, on se déconnecte de tous les soucis possibles. L’objectif est de profiter avec sa famille d’une expérience qui nous marquera longtemps.
Alexandre Rassaërt
Vidéos : en ce moment sur Actu
Le Département de l’Eure a fait appel à la société Moment Factory, fondée à Montréal en 2001. À l’origine de près de 600 projets aux quatre coins du monde, ce studio multimédia combine des spécialités dans la vidéo, l’éclairage, l’architecture, le son, l’interactivité et les effets spéciaux pour créer des expériences mémorables.
Cliquez ici pour visualiser le contenu
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
« Nous avons reçu plusieurs prestataires dans le cadre d’une procédure très carrée, souligne le président. J’ai assisté à toutes les étapes. Ce qui a été déterminant, c’est la qualité de ce qu’ils ont proposé et leur expertise internationale. Nous avons été très regardants sur le choix du prestataire pour être certain de toucher à l’exception. »
Un projet sur mesure
Moment Factory a beau avoir collaboré avec de grandes institutions culturelles et sportives, jamais encore ses équipes n’avaient imaginé une déambulation lumineuse dans un site historique aussi ancien qu’Harcourt.
Le Domaine réunit deux patrimoines singuliers : un château fort du XIIe siècle et un arboretum créé en 1802, l’un des plus anciens de France.
La scénographie sera basée sur l’histoire du site et sur la nature, c’est à la jonction de ces deux sujets-là, et c’était une volonté dans le cahier des charges.
Alexandre Rassaërt
Arbora Lumina a été conçu sur mesure pour Harcourt. « C’est un projet adapté et travaillé sur site et ce n’est pas un projet existant que l’on déploie dans la forêt, c’est pour cela que ça a demandé des années de conception, insiste-t-il. Il y a eu un vrai travail en lien avec les équipes du Domaine sur les différents tableaux. Avec l’objectif que ce soit le plus accessible possible et que les enfants s’y retrouvent. Nous sommes vraiment sur un projet familial. »
130 000 visiteurs annuels
Le Département de l’Eure espère attirer entre 130 000 et 150 000 visiteurs à l’année à Harcourt grâce à cette nouvelle offre hivernale, ouverte pendant quatre mois, en plus des animations habituelles (Automnales, Médiévales, etc.).

Alexandre Rassaërt préside le Département de l’Eure. ©photo d’archives
Une programmation culturelle quatre saisons et une augmentation de la fréquentation cruciale sur le plan financier pour booster les recettes de billetterie.
« La question de l’avenir du site se posait, reconnait l’ancien maire de Gisors. Le Domaine d’Harcourt nous coûte en exploitation 500 000 € par an. Donc soit on le développait davantage avec un niveau d’investissement assez fort, soit on l’abandonnait, car le Département n’en avait plus les moyens. »
Des aménagements pour accueillir le public
Des travaux de grande ampleur ont été nécessaires pour accueillir le public dans de bonnes conditions. Une aire de stationnement végétalisée a été construite. Grâce à l’acquisition d’une parcelle mitoyenne de 1,8 hectare, un nouvel accès a également été créé. Il n’y aura plus besoin d’emprunter l’étroite rue du Château pour rejoindre le Domaine…
Si on propose une Formule 1 en termes de spectacle, il n’était pas possible d’avoir un parking où les gens se retrouvent les pieds dans la boue. On ne pouvait pas tripler l’affluence sans prévoir les aménagements autour. L’expérience, elle est totale sur une attraction de ce type. Et l’expérience client, c’est aussi pouvoir se garer dans de bonnes conditions et avoir des sanitaires propres.
Alexandre Rassaërt
Engagé à la fin du mois de mars 2025, le chantier a permis également d’étendre l’arboretum de collection avec 150 arbres remarquables et 450 mètres linéaires de haies bocagères, et de restaurer une zone humide.
La préservation de la biodiversité était une exigence, y compris dans l’utilisation de la technologie pour donner vie au parcours lumineux. Chaque installation doit se fondre harmonieusement dans l’environnement naturel et résister aux conditions météorologiques.
Un investissement de 14,7 millions d’euros
Arbora Lumina pèse à lui seul 5,8 millions d’euros. En comptant l’ensemble du projet, c’est un investissement de 14,7 millions d’euros. « C’est conséquent, convient Alexandre Rassaërt. Mais si on faisait moins, autant ne pas le faire. Soit on faisait quelque chose d’exceptionnel, soit on bricolait. Et je n’avais pas envie de bricoler. »

Cette expérience multimédia transporte les visiteurs dans un univers enchanté. ©Oceana Lumina – Moment Factory
Mais à l’heure où les départements français sont confrontés à de sérieuses difficultés budgétaires, entre chute des recettes liées au marché immobilier et explosion des dépenses sociales, les responsables ont-ils envisagé de ne pas aller jusqu’au bout de leur ambition pour Harcourt ?
« Oui, je vais être honnête, nous répond le président. Ne s’agissant pas d’une compétence obligatoire, c’est un des projets que nous avons traité en priorité pour savoir ce que nous faisions. Nous l’avons maintenu parce que nous n’avons pas de grosses agglomérations capables de porter cela. Le Département a donc un rôle de porter ces projets. Si nous ne le faisons pas, qui va le faire ? »
Les tarifs du parcours lumineux
Arbora Lumina sera ouvert du 6 décembre 2025 au 28 février 2026, les vendredis, samedis et dimanches. Et tous les soirs durant les vacances scolaires.
Le billet de ce parcours lumineux coûtera 16 € pour les adultes en haute saison (12 € en basse saison), 8 € pour les enfants de 6 à 17 ans (6 € en basse saison), l’entrée étant gratuite pour les moins de 6 ans. Un pass famille, valable pour deux adultes et deux enfants, sera disponible au prix de 40 € en haute saison (31 € en basse saison). Un tarif réduit de 12 € est également prévu (9 € en basse saison). « Ces tarifs sont dans la moyenne basse. Et par rapport à ce qui se pratique ailleurs et étant donné la qualité, c’est attractif », commente Alexandre Rassaërt, le président du conseil départemental de l’Eure. Les réservations seront obligatoires, en ligne, sur le site harcourt-normandie.fr avec une jauge limitée à 100 personnes par créneau.
Créer de la richesse
Au moment où la crise financière a commencé à prendre de l’ampleur, plus de deux millions d’euros avaient déjà été engagés. « S’arrêter, cela aurait été de l’argent jeté par les fenêtres. J’ai quand même demandé des efforts de plusieurs centaines de milliers d’euros, qui porteront sur le bâtiment de stockage. J’ai estimé qu’il y avait capacité à faire moins cher. Je n’ai pas voulu rogner sur la proposition artistique et sur la qualité d’accueil. »

Le château médiéval d’Harcourt, un trésor du patrimoine normand. ©Eveil Normand / Anthony Bonnet
L’effort financier consenti doit contribuer à soutenir le développement d’Harcourt, village de 1 076 habitants. Et, plus largement, celui des communes environnantes, à proximité du réputé domaine du Champ de Bataille et de l’abbaye du Bec-Hellouin.
Nous, notre responsabilité est de faire venir les touristes. Charge ensuite au tissu économique de se saisir de cet afflux de presque 100 000 personnes supplémentaires par an. Cela va forcément susciter des initiatives et des emplois, et c’est le but aussi. Quand on investit aussi fort sur un site, nous attendons un retour sur investissement par de la création de richesses sur le territoire.
Alexandre Rassaërt
Changer le regard sur la ruralité
Le Département entend rééquilibrer l’attractivité dans l’Eure en faisant d’Harcourt un centre touristique incontournable et complémentaire de Giverny. « Il n’y a pas que l’axe Seine, même si c’est un pôle de développement formidable, abonde l’élu. Nous avons à cœur de montrer que le département compte des trésors qui ne sont pas sur cet axe et qui méritent d’être mis en valeur. »
Cliquez ici pour visualiser le contenu
En proposant cette expérience familiale de très haute qualité, l’objectif est aussi de changer le regard sur la ruralité. « Et de la montrer telle qu’elle est avec de l’innovation, de la modernité, des projets ambitieux qui fassent parler bien au-delà de l’Eure et de la Normandie, alors que j’ai parfois l’impression en regardant la télé que l’on présente la ruralité comme si c’était ‘Martine à la ferme’, sourit Alexandre Rassaërt. Arbora Lumina, c’est une vitrine. »
À partir du samedi 6 décembre, le Domaine d’Harcourt entre dans une nouvelle ère.
https://harcourt-normandie.fr/
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.