Le représentant départemental du parti d’Éric Zemmour invite les «Français patriotes» à assister au vernissage de cette exposition itinérante attendue à Sainte-Luce-sur-Loire. Le maire y voit une tentative d’intimidation.
Après avoir voyagé depuis janvier dans plusieurs communes de Loire-Atlantique, l’exposition itinérante de SOS Méditerranée intitulée Être(s) humain(s) termine sa tournée départementale. Le 5 novembre, elle posera ses valises à la mairie de Sainte-Luce-sur-Loire, aux portes de Nantes, pour 25 jours. Portée par des bénévoles nantais, elle «retrace 10 années de sauvetage en mer à travers les objectifs des photographes embarqués à bord de l’Aquarius puis de l’Ocean Viking», détaille la municipalité dans un descriptif. «Il est question de mettre des visages sur des parcours migratoires douloureux ainsi que sur la chaîne de solidarité qui s’est mise en place pour financer un navire civil de sauvetage dont le coût journalier est de 24.000 euros en 2022», précise sur son site internet l’ONG en question.
Cette exposition n’est pas du goût de tous. Dans un communiqué de presse, le délégué de Reconquête 44, Laurent Chomard, dénonce une «initiative en total décalage avec les attentes d’une grande partie de la population». «Comment peut-on financer, avec l’argent des contribuables, une vitrine de propagande idéologique pour une association qui tient le rôle de passeur et de pourvoyeur d’être humains en jouant sur la fragilité et la misère humaine ? Depuis 2015, cet organisme, de par son existence même, encourage des migrants à risquer leur vie en traversant la mer Méditerranée», s’interroge le représentant local du parti d’Éric Zemmour. En riposte, Reconquête Loire-Atlantique lance «l’opération SOS France!», et demande «à tous les Français patriotes de s’unir contre la tenue de cette exposition en faisant entendre leurs protestations auprès de la mairie et en répondant positivement à l’invitation au vernissage organisé par M.Anthony Descloziers, maire socialiste de la ville».
Vernissage jeudi
Contacté, l’édile de Sainte-Luce-sur-Loire y voit là «une démarche d’intimidation» face à un communiqué où «il est appelé à ce que les gens viennent pour empêcher la tenue de ce vernissage». «Il s’agit d’une exposition qui se déploie depuis plusieurs mois dans le département. Créer une polémique alors qu’elle tourne depuis longtemps, c’est chercher à semer le désordre», tance Anthony Descloziers, joint par téléphone.
Précisant que cette exposition est prêtée gracieusement, il veut rappeler que «l’incitation à la haine et à la discrimination est un délit. Laisser quelqu’un mourir en mer, ce n’est pas un choix mais un crime reconnu par le droit international». Il assure enfin qu’il n’acceptera «aucun trouble à l’ordre public, aucune injure à caractère raciste, dans l’enceinte de la mairie» et prendra, selon la tournure des événements, des mesures pour éviter tout débordement.
Joint par téléphone, le délégué départemental de Reconquête, qui a publié le communiqué après la remontée d’un habitant et militant de Sainte-Luce agacé, assure ne pas organiser de manifestation en tant que telle. L’idée est «juste de protester, tant en interpellant la mairie par mail ou téléphone, que le jour même en venant assister au vernissage». Si l’exposition est gratuite, Laurent Chomard fait remarquer que l’organisation d’un tel vernissage, suivi d’un moment de convivialité, représente tout de même «de l’argent public par rapport à une association qui mène un combat idéologique».
De son côté, Anthony Descloziers se dit «fier» de l’événement programmé jeudi. «Ce vernissage se tiendra. On est dans notre rôle», termine le maire de Sainte-Luce-sur-Loire, dont la commune octroie une subvention annuelle de 500 euros pour les actions de sauvetage en mer. Il y a un an, à Nice, l’élu Philippe Vardon, ex-Reconquête désormais inscrit dans le parti de Marion Maréchal, avait aussi dénoncé une exposition de SOS Méditerranée prévue dans une faculté.