Le sommet des Amériques, qui devait se tenir en République dominicaine du 1er au 6 décembre, a été reporté à 2026 en raison des tensions régionales provoquées notamment par le déploiement militaire américain dans les Caraïbes, a annoncé Saint-Domingue lundi soir avec l’aval de Washington.
« Après une analyse minutieuse de la situation dans la région, le gouvernement dominicain a décidé de reporter à l’année prochaine la tenue du Dixième Sommet des Amériques », indiqué un communiqué évoquant « les profondes divergences qui compliquent actuellement un dialogue productif dans les Amériques ».
« À cette situation s’ajoute l’impact causé par les récents événements climatiques qui ont gravement affecté plusieurs pays des Caraïbes », indique le texte, après le passage dévastateur de l’ouragan Melissa.
Aucune date précise n’a pour l’heure été annoncée pour ce sommet.
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a apporté son « soutien » au report du sommet, assurant que les États-Unis continueraient « à collaborer avec la République dominicaine et d’autres pays de la région pour organiser un événement productif en 2026, axé sur le renforcement des partenariats et l’amélioration de la sécurité de nos citoyens ».
« Cette mesure [report] a été convenue avec nos partenaires les plus proches, y compris les États-Unis, initiateurs originaux de ce forum, ainsi que d’autres pays clés. De même, nous avons consulté les représentants des principales institutions internationales […] l’Organisation des États américains (OEA) et la Banque interaméricaine de développement (BID) », a précisé le gouvernement dominicain.
Les États-Unis procèdent depuis début septembre à des frappes aériennes dans le Pacifique et surtout dans les Caraïbes contre des bateaux qu’ils présentent comme appartenant à des narcotrafiquants. Au total, le gouvernement américain a revendiqué 15 attaques ces dernières semaines, faisant au moins 65 morts.
Mexique et Colombie avaient déjà renoncé
Washington a déployé huit navires de guerre dans les Caraïbes et des avions de chasse F-35 à Porto Rico. Un porte-avions américain, le plus gros au monde, est également en route pour la zone.
Ce déploiement militaire américain dans les Caraïbes a créé des tensions non seulement avec le Venezuela, le principal pays visé par les opérations, mais aussi avec la Colombie de Gustavo Petro et même le Brésil.
M. Maduro, que les États-Unis considèrent comme illégitime et qui est inculpé aux États-Unis pour narcotrafic, accuse Washington de prendre prétexte du trafic de drogue « pour imposer un changement de régime » à Caracas et s’emparer du pétrole vénézuélien.
Une intervention des États-Unis au Venezuela « peut enflammer l’Amérique du Sud » et ne sera pas acceptée par le Brésil, a averti pour sa part, dans un entretien à l’Agence France-Presse, le conseiller spécial du président Lula pour les Affaires étrangères, Celso Amorim.
Le président américain, Donald Trump, qui a reconnu avoir autorisé des opérations clandestines de la CIA sur le territoire vénézuélien, avait récemment évoqué de possibles frappes terrestres visant des cibles « narcoterroristes ». Dimanche, il a estimé que les jours du président vénézuélien, Nicolas Maduro, étaient comptés tout en déclarant : « J’en doute, je ne pense pas », à propos d’une guerre avec le Venezuela.
Par ailleurs, Saint-Domingue avait déjà indiqué que Cuba, le Nicaragua et le Venezuela n’étaient pas invités au sommet qui devait se tenir dans la station balnéaire de Punta Cana.
Désapprouvant cette décision, le Mexique et la Colombie avaient annoncé mi-octobre qu’ils n’y participeraient pas.