Le Premier ministre Sébastien Lecornu (au centre) et la ministre française de la Santé Stéphanie Rist (à gauche) à l’hôpital de Carentan, le 30 octobre 2025.

LOU BENOIST / AFP

Le Premier ministre Sébastien Lecornu (au centre) et la ministre française de la Santé Stéphanie Rist (à gauche) à l’hôpital de Carentan, le 30 octobre 2025.

POLITIQUE – Premier remède d’urgence face à une situation jugée « dramatique » par la CGT. Le gouvernement a promis ce lundi 3 novembre des renforts au CHU de Caen où les services d’urgences sont contraints de fonctionner sans internes, faute de médecins expérimentés pour les encadrer.

Interrogée sur BFMTV, la ministre de la Santé, Stéphanie Rist, a expliqué : « J’ai fait mobiliser la réserve sanitaire pour que des médecins en renfort puissent arriver et pour faire en sorte que des internes puissent revenir dans les six prochains mois », a-t-elle annoncé. Santé Publique France précise que cette réserve est « constituée de professionnels de santé volontaires et mobilisables à tout moment par le ministère de la Santé ou les agences régionales de santé. » Il y avait environ 7 200 réservistes engagés en 2022.

Et la ministre a promis que les urgences du CHU vont fonctionner même « sans interne » et continuer d’accueillir les patients.

Les urgences du CHU de Toulouse restreignent leur capacité d’accueil

Stéphanie Rist a estimé que le service d’accès aux soins, qui vise, en appelant le 15, à éviter les passages inutiles aux urgences en orientant les patients vers la bonne prise en charge, était « très important parce qu’avec le vieillissement de la population, de toute façon, il faut trouver des solutions en amont des urgences ».

« Il y a 612 services d’urgence dans notre pays et on est très vigilants à ce qu’ils fonctionnent correctement », a-t-elle ajouté.

Cependant, les problèmes ne sont pas propres à l’établissement caennais, a fustigé la présidente de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), Mélanie Debarreix. « C’est partout pareil en France : les internes ont peur de parler, par crainte des répercussions », a-t-elle expliqué à l’AFP.

Les services d’urgence du CHU de Toulouse ont d’ailleurs restreint ce lundi et au moins jusqu’à fin décembre leur capacité d’accueil, faute d’effectifs suffisants. La direction du centre hospitalier a annoncé une « organisation temporaire des urgences adultes » pour novembre et décembre, avec une activité « recentrée » sur la « prise en charge des patients nécessitant des soins hospitaliers ou une hospitalisation ».

À Caen, la santé des internes était en jeu. Les conditions d’encadrement « n’étaient pas satisfaisantes, il y a eu des saisines et certains étaient en surcharge émotionnelle », selon l’Isni.

Un senior encadrant pour un interne

Le doyen de l’UFR Santé de Caen, Paul-Ursmar Milliez, a dit à l’AFP avoir « demandé la suspension de l’agrément [pour accueillir des internes en stage] après un signalement légitime début septembre ».

Selon lui, il faudra pour lever cette suspension un nouveau projet pédagogique « convaincant » en mai 2026. Parmi les mesures demandées, un senior encadrant pour un interne alors qu’ils sont aujourd’hui un pour deux internes. Il estime ainsi qu’il faudra « embaucher 15 seniors ».

« L’enjeu n’est pas financier mais celui de la ressource médicale », a cependant souligné François Mengin-Lecreulx, directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) Normandie, car « il n’y a pas assez de médecins urgentistes » en France.

Pour le moment, l’ARS et la direction de l’hôpital ont puisé dans « la ressource » de l’établissement avec des médecins d’autres services, « la solidarité territoriale » avec des renforts d’autres hôpitaux et une régulation des urgences renforcée, a-t-il précisé.

La sortie de cette crise « très forte » passe, selon François Mengin-Lecreulx, par une « mutualisation interétablissements » en attendant 2026 et l’arrivée de nouveaux médecins plus nombreux grâce à l’assouplissement du numerus clausus.