Le vœu émis par le maire Christian Estrosi pour donner le nom de l’ex-président au parvis du futur hôtel des polices n’est pas légal. LFI, les écologistes et Éric Ciotti, qui le conteste, soutiennent désormais une idée alternative.
Le «parvis Nicolas Sarkozy» voulu par le maire de Nice Christian Estrosi devant le futur hôtel des polices n’en finit pas d’être contesté et devra faire l’objet d’un nouveau vote, a appris Le Figaro auprès de la préfecture des Alpes-Maritimes et de la mairie. Si la dénomination des voies relève bien d’une compétence exclusive du conseil municipal, une délibération doit être adoptée et non un vœu, comme ce fut le cas le 1er octobre dernier de manière symbolique pour donner le nom de l’ex-président à cette place du centre-ville.
«Un vœu n’a pas de caractère exécutoire», ont confirmé les services de l’État en citant l’article L.2121-30 du Code général des collectivités territoriales. Cette dénomination sera remise dans une délibération «formelle» sur les noms de rue lors de la prochaine assemblée, a-t-on appris par l’entourage du maire de Nice.
Christian Estrosi (Horizons) avait annoncé vouloir donner le nom de Nicolas Sarkozy à cette esplanade deux jours après la condamnation de l’ancien président à de la prison ferme dans l’affaire du financement libyen de sa campagne. L’édile niçois, qui fut à deux reprises son ministre, a contesté vouloir provoquer la justice derrière cette démarche et a expliqué vouloir saluer «l’action déterminante» de l’ancien chef de l’État en matière de sécurité. Tous les présidents sont ainsi honorés à Nice, a rappelé la municipalité face à la polémique montante.
Rejet populaire
Mais cette dénomination a vite été contestée : près de 3500 personnes ont signé une pétition lancée par un collectif citoyen rattaché à LFI, un sondage lancé par Nice-Matin a révélé un large rejet populaire (90% des votants y sont défavorables), les élus écologistes ont soulevé l’illégalité du vœu, tandis que le député-candidat aux municipales Éric Ciotti (UDR) a dénoncé «une erreur». Ainsi, un nouveau nom, qui semble faire consensus, vient d’être proposé.
Deux victimes endeuillées de l’attentat de la promenade des Anglais ont proposé sur les réseaux sociaux une «esplanade 14-juillet-2016» plutôt qu’un «parvis Nicolas Sarkozy», dont la mise à l’honneur serait perçue comme une nouvelle «violence», jugent-ils. Cette contre-dénomination est désormais soutenue par tous les opposants, ce qui alimente un peu plus la polémique.
Les élus écologistes ont annoncé formuler un vœu en ce sens lors du prochain conseil municipal, «considérant que la ville de Nice ne doit pas tomber dans l’indignité», écrivent-ils dans cette proposition consultée par Le Figaro. Ils soulignent encore «la nécessité pour la ville de faire preuve de discernement et de responsabilité».
La promesse de Ciotti
Le député niçois Éric Ciotti s’est aussi engagé à nommer cette esplanade 14-juillet-2016 s’il est élu maire en mars prochain. «J’ai informé ce jour l’ensemble des associations que je donnerai une suite favorable à cette demande», a-t-il indiqué dans un communiqué. Ce futur commissariat géant en lieu et place de l’ancien hôpital Saint-Roch doit devenir «un symbole de recueillement, de respect et de transmission mais aussi un hommage aux policiers héroïques qui ont mis fin à la course meurtrière du terroriste», poursuit l’ex-président de LR et désormais de l’UDR, allié du RN.
Un mémorial et une statue en forme d’ange se trouvent à ce jour sur la promenade des Anglais pour rendre hommage aux 86 morts de cet attentat au camion-bélier.
Le futur hôtel des polices nationale et municipale de Nice doit être livré en octobre 2026 avec un parvis au nom débattu et finalement encore incertain. Si la nouvelle délibération est votée, elle devra ensuite, comme toutes les autres, être soumise à un contrôle de légalité.