Une étude qui change la donne

Des scientifiques de l’université Northwestern, aux États-Unis, ont récemment mené une analyse poussée de l’écosystème microbien présent sur les brosses à dents. Leur constat est sans appel : plus de 600 types de virus ont été identifiés sur des brosses à dents usagées, stockées dans des conditions humides, parfois couvertes après utilisation. Les chercheurs précisent que le manque d’aération favorise le développement de colonies microbiennes, certaines pouvant rester actives plusieurs jours.

Même si tous ces virus ne sont pas pathogènes pour l’homme, leur présence indique un déséquilibre microbien qui peut avoir un impact sur la santé bucco-dentaire, en particulier chez les personnes fragiles ou immunodéprimées.

Pourquoi le capuchon est un faux ami

Couvrir sa brosse à dents avec un cache en plastique ou la ranger dans un étui fermé est souvent vu comme un geste de bon sens, en particulier lors des voyages ou dans les salles de bain partagées. Or, ce réflexe empêche l’évaporation naturelle de l’humidité résiduelle après le brossage. Résultat : les poils restent mouillés, la température ambiante augmente légèrement à l’intérieur du cache, et un véritable terreau pour les microbes se forme.

De nombreuses études en microbiologie ont montré que les environnements humides et confinés sont les plus favorables à la croissance bactérienne, y compris pour certaines souches potentiellement nocives comme Staphylococcus aureus ou Pseudomonas aeruginosa.

Le bon réflexe : laisser sécher à l’air libre

Les professionnels de santé, dont l’Union Française pour la Santé Bucco-Dentaire (UFSBD), recommandent unanimement de ne pas couvrir sa brosse à dents après usage. Au contraire, il faut la laisser sécher à l’air libre, en position verticale, sans contact avec d’autres brosses, pour éviter toute contamination croisée.

De plus, il est conseillé de ne jamais ranger sa brosse à proximité directe des toilettes, car les aérosols produits lors des chasses d’eau peuvent contenir des particules fécales microscopiques pouvant se déposer sur les objets environnants. Mieux vaut donc privilégier un endroit sec, aéré, et à l’écart des projections.

Comparatif : brosse couverte vs brosse exposée

Un tableau permet de visualiser les différences entre les deux pratiques :

Critère
Brosse à dents couverte
Brosse à dents exposée à l’air
Aération Mauvaise Bonne Humidité résiduelle Élevée Faible Risque de prolifération microbienne Important Faible Odeur et développement de moisissures Plus fréquent Rare Recommandée par les dentistes Non Oui

Ce que dit la recherche… et ce qu’il faut retenir

Les chercheurs insistent sur un point : une brosse à dents n’est pas un outil stérile, mais un minimum de précautions suffit pour limiter les risques. Il ne s’agit pas de provoquer une psychose, mais de mieux comprendre les environnements favorables à la prolifération de bactéries.

Une étude publiée dans le Journal of Dental Hygiene a également montré que les brosses stockées dans un étui fermé présentaient une charge microbienne 70 % plus élevée que celles laissées à l’air libre. Et contrairement à certaines idées reçues, le fait de couvrir sa brosse ne protège pas des bactéries extérieures, mais accentue la prolifération de celles déjà présentes après le brossage.

Conseils pratiques pour une brosse saine

Quelques gestes simples permettent de maintenir une bonne hygiène :

  • Rincer soigneusement la brosse après chaque usage, pour éliminer les résidus de dentifrice et de salive.
  • La stocker tête en haut, dans un verre ou un support permettant le séchage rapide.
  • Éviter tout contact entre les têtes de plusieurs brosses, surtout en collectivité.
  • Changer de brosse tous les 3 mois, ou dès que les poils commencent à se déformer.

Pour les voyageurs, privilégier une trousse aérée ou un étui perforé permettant une ventilation suffisante, plutôt qu’un boîtier hermétique.

Une mauvaise habitude encore trop répandue

Couvrir sa brosse à dents est un geste qui rassure, mais qui va à l’encontre des principes élémentaires d’hygiène microbienne. Face aux alertes des chercheurs, il devient essentiel de revoir cette pratique, d’autant qu’elle est facilement évitable.

Repenser ce petit geste du quotidien, c’est faire un pas simple mais décisif vers une meilleure santé bucco-dentaire.