Le nouveau film de vengeance du cinéaste John-Michael Powell, Violent Ends, est disponible aux États-Unis et la critique américaine ne s’est pas tellement montrée indulgente.
Enveloppé dans la brume de la chaîne de montagnes des Ozark, le dernier opus de John‑Michael Powell revisite le schéma archétypal de l’homme pieux tombant dans les ténèbres de la vengeance. Le personnage central de son film, Lucas Frost (Billy Magnussen), est issu d’une famille de truands ultra violents, mais aspire désormais à une vie paisible auprès de sa fiancée, Emma (Alexandra Shipp). Le fragile équilibre vole en éclats lorsqu’un cousin, Eli (Jared Bankens) commet un braquage et embarque Lucas dans une spirale d’emmerdes.
Powell, encore auréolé des modestes succès du court-métrage Shit You Knot! (une réunion familiale qui dérape) puis The Send Off (une soirée entre potes qui tourne mal), livre ici un film de vengeance à mi-chemin entre thriller familial et western moderne. Sorti aux États-Unis le 31 octobre 2025, Violent Ends a divisé la critique, malgré de belles qualités de mise en scène et un jeu d’acteurs solide. Revue de presse.
Premiers avis pour Violent Ends
« Le décor, la lumière et les personnages baignent tous dans une noirceur poisseuse. Même le sang ressemble à de l’acajou brûlé. Comme on pouvait s’y attendre, la violence annoncée par le titre verse dans le sordide : têtes explosées, scènes de torture, plaies psychologiques béantes débouchant sur des représailles d’une brutalité féroce — filmées avec une caméra immersive qui suscite davantage le choc que l’admiration.
L’obstination de Powell à façonner un thriller lugubre et hyperviolent serait louable, voire remarquable, s’il assumait réellement cette tonalité. Mais un épilogue émotionnellement bon marché, montrant l’un des souvenirs heureux de Lucas avec Emma, vient gâcher l’ensemble, offrant au réalisateur une échappatoire commode face au carnage qu’il a lui-même orchestré. »
Robert Daniels – RogerEbert.com

Billy Magnussen à son meilleur
« Powell est un cinéaste exceptionnellement prometteur, mais au moment où il aligne tous ses pions pour le grand final, il semble avoir perdu de vue une question essentielle : Lucas perpétue-t-il le cycle de vengeance qui a empoisonné sa famille, ou bien tente-t-il enfin de le briser ?
Si Violent Ends invite son spectateur à réfléchir à la futilité de la violence, il se délecte bien trop (violemment) de son propre bain de sang pour y parvenir. Lucas, véritable crotale humain, n’a d’autre choix que de se mordre la queue. Hélas, c’était le film — et le destin — dans lequel il est né ; la grande tragédie de sa vie étant de ne pas être né dans un meilleur récit. »
David Ehrlich – IndieWire
« Violent Ends est une proposition très impressionnante de la part de John-Michael Powell, surtout pour un second long-métrage. Film indépendant à l’allure de production de studio, Violent Ends s’impose comme un drame percutant dissimulé sous les atours d’un thriller sanglant.
J’adore tomber sur ce genre d’œuvres qui vous prennent par surprise et s’incrustent dans la mémoire. Quant à Billy Magnussen, souvent cantonné à des seconds rôles au fil de sa carrière, il signe ici l’une des performances les plus marquantes de l’année — et sans doute une pierre angulaire de sa filmographie. »
Alex Maidy – JoBlo

Le mystère de la chambre rouge
« Violent Ends constitue une seconde œuvre particulièrement réussie, tant pour Powell que pour l’ensemble de son équipe, avec Billy Magnussen et James Badge Dale qui offrent parmi leurs meilleures prestations. Sorti dans les salles américaines pour Halloween, le film s’impose sans tapage comme un thriller d’une redoutable efficacité, capable de tenir le spectateur en haleine du début à la fin. Espérons qu’il trouvera son public, car une chose est sûre : on suivra de très près les prochains projets de John-Michael Powell. »
Jim Vorel – Paste
« Quelques passages parviennent à instaurer une tension palpable, notamment lors de fusillades bien menées où Powell s’efforce de traiter la violence avec réalisme et brutalité plutôt qu’avec sensationnalisme. Dans l’ensemble toutefois, le film ressemble davantage à l’écho de meilleures œuvres qu’à une relecture originale du genre.
La scène finale tente de réaffirmer Violent Ends comme une tragédie, mais ne fait finalement que souligner son caractère creux — une variation un peu vide sur le thème éculé de la vengeance. Peut-être le film aurait-il gagné à assumer un ton plus stylisé et outrancier, puisqu’il échoue à atteindre la profondeur émotionnelle qu’il vise. »
Eric Goldman – MovieWeb

Grosse pub pour la NRA
La presse a souligné la bonne tenue visuelle, les performances solides et l’ambiance mélancolique de Violent Ends. Mais il ne déclenche pas le feu d’artifice qu’on aurait pu espérer. Le « revenge movie » semble bien produit, sans jamais vraiment vouloir questionner ou renouveler le genre. La plupart des critiques ont également mis en lumière le fait que la fin du film se perd dans des atermoiements qui cassent l’atmosphère âpre du reste de la production.
Violent Ends n’a pas de date de diffusion en France pour le moment, donc patience avant de pouvoir se mettre un avis.