Par

Nicolas Demollien

Publié le

4 nov. 2025 à 11h00

« La prolifération des trafics de stupéfiants que connaît notre ville est dramatique. » Le maire de Lille (Nord) Arnaud Deslandes a décidé d’employer des mots forts pour réclamer des renforts de police au ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez dans une lettre qu’il a rendue publique sur X.

« Les points de deal se sont multipliés à Lille, ils pourrissent la vie des habitants »

De manière très concrète, il réclame davantage de policiers nationaux « et les moyens d’enquête suffisants dont Lille et la métropole lilloise ont cruellement besoin pour faire face à cette spirale dangereuse qui ne pèse que trop sur la sécurité et la vie des Lilloises et des Lillois ».

Une demande déjà effectuée à plusieurs reprises par sa prédécesseur Martine Aubry qui rappelait elle aussi volontiers que la capitale des Flandres était une plaque tournante pour la drogue en raison de sa proximité avec la Belgique et les Pays-Bas.

« Tous les voyants sont au rouge. Les points de deal se sont multipliés. Ils gangrènent de trop nombreux secteurs et y pourrissent littéralement la vie des habitants, en particulier dans les quartiers de Moulins, de Lille Sud, du Faubourg de Béthune, de Wazemmes ou de Fives », décrit Arnaud Deslandes.

Et de rappeler la mort par balle d’un homme fin septembre 2025 dans le quartier de Lille Sud, « probablement dans le cadre d’un règlement de compte sur fond de trafic de drogue, ce que l’enquête en cours devra confirmer ».

Dans ce même quartier, deux jeunes hommes avaient été blessés par des tirs d’armes à feu le 19 juillet 2025 et un autre dans la nuit du 9 au 10 juillet 2025 à Loos, dans une rue bordant le quartier de Lille Sud.

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire

« Par ailleurs, la consommation de drogue a explosé, jusqu’aux abords de certaines écoles, tandis que l’usage du crack a enregistré en quelques années une courbe exponentielle avec ses effets induits sur l’occupation néfaste de l’espace public et la délinquance d’appropriation (vols de toutes natures, voire agressions en situations de manque). La situation ne fait que se dégrader. Chaque jour, je rencontre des habitants ou je reçois des courriers exprimant un légitime sentiment d’insécurité et d’exaspération auquel je ne saurais répondre seul », enchaîne-t-il.

« Des réponses nettement insuffisantes aux enjeux » selon le maire

Arnaud Deslandes estime ainsi qu’il y a à Lille un « sous-effectif structurel des policiers nationaux » et, par voie de conséquence, « nécessité d’y affecter des renforts massifs, tant sur la voie publique qu’au sein des services d’investigation dont la situation catastrophique ne vous a pas échappée ».

Et si le renfort ponctuel de CRS est apprécié, « force est de constater que ces réponses sont nettement insuffisantes. Je déplore avec d’autant plus d’inquiétude la diminution des effectifs de terrain (-4 %) de la division de Lille entre 2022 et 2024. »

Rappelant les investissements de la ville pour sa police municipale ou son centre de supervision urbain, il conclut : « Je n’ai pas à vous rappeler que la sécurité relève en premier lieu de la compétence régalienne de l’État ».

Et de saluer l’action de la Police Nationale qui « fait ce qu’elle peut avec les moyens à sa disposition. Des interpellations et des saisies sont réalisées tous les jours, mais les trafics renaissent inexorablement après leur démantèlement. »

Le message est limpide. Reste à savoir s’il sera entendu et suivi de décisions de la part de Laurent Nuñez.

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.