A la place du célèbre Gramme 3, sacro-saint du petit-déjeuner dans le Marais, Marine Gora profite de l’automne pour dévoiler Le Coyote. Dans le sillage du Pulp, bar lesbien d’anthologie qui avait malheureusement fermé ses portes en 2007, elle y érige, son propre saloon, pensé pour et par la communauté queer. Un parti pris rare, courageux et vertueux quand on sait que la plupart des lieux de vie dédiée à cette tribu rencontrent de nombreuses difficultés à ouvrir, se développer et se perpétuer tant les financements en matière d’hospitalité sont largement détenus par les hommes. Aussi hybride que sa faune, il s’inscrit à la croisée du coffee shop, du restaurant et du bar, ouvert du petit matin jusqu’à tard dans la nuit. L’occasion d’en apprendre plus avec sa fondatrice. Rencontre.

Marine Gora se confie sur l’ouverture du premier saloon queer à ParisLe Coyote à Paris

Le Coyote à Paris

Marine Gora

Marine Gora

Comment est né Le Coyote?
Marine Gora. Après un voyage à Montréal, l’été dernier, j’ai réalisé que ça faisait longtemps que je voulais transformer Gramme 3 en une cave à manger et un bar à vin nature. Par le biais d’une lecture, j’ai découvert l’histoire du Pulp, un célèbre club lesbien qui est aujourd’hui fermé. Je me suis dit alors, en croisant les doigts, et si ce n’était pas à moi de l’ouvrir ce nouveau lieu queer à Paris?

Quelle était l’inspiration? 
J’ai voulu mixer tout ce que j’aime dans un restaurant: un grand comptoir à l’espagnol, un menu qui propose de petites et de grandes portions, du vermut, du bon vin et un service chaleureux. Il s’inspire aussi de bars et d’adresses que j’ai fréquenté à Montréal, notamment le Spaghetti Western et Le Cobra. J’ai ressenti comme une envie de recréer un peu de leur ambiance à Paris.

Pourquoi avoir voulu un esprit far west? 
Les santiags font partie de mon look depuis plusieurs années et je crois que j’ai eu une révélation à la vue d’une photo de Sylvie Vartan qui portait des lunettes aviators fumées. J’aime l’esthétique du cowboy que je trouve profondément queer. Et je trouve qu’il n’existait pas d’endroit similaire à Paris.

Qui signe son décor? 
Nous avons travaillé en collaboration, avec mon architecte Sara Guédès, pour imaginer ensemble ce saloon. On a regardé beaucoup d’images et de photos d’époque, afin de reproduire certains décors tout en les adaptant à 2025. On ne voulait pas d’un lieu criard à la Disney. J’ai aussi été aidé par de supers artisans, comme le peintre Arnaldo Olivier des Artisans du Faubourg qui a pensé toute la peinture laquée, et mon équipe de menuiserie qui a réalisé tous les meubles et aussi les portes battantes.

Tu le définis sur Instagram comme un « queer saloon », qu’entends-tu par ça? 
J’ai fait le constat qu’il manquait un lieu queer à Paris (par cela j’entends dédié à la communauté queer LGBTQIA+ et ses ami.e.s) où l’on allait accordait une place importante à la cuisine et ce qu’il y a dans le verre. Je voulais créer une ambiance intimiste, et un endroit où se retrouver tous.tes ensemble. Il y a une grande table pour venir en groupe, des tables de deux, éclairées à la bougie, pour les dates, et puis tu peux aussi venir seul.e au comptoir.