Posted On 25 avril 2025
Les témoignages de commerçants grenoblois se suivent et se ressemblent puisque tous vont dans le même sens : leur expérience du terrain invalide le discours d’élus enfermés dans leurs théories idéologiques et idées arrêtées déconnectées de la réalité.
« UNE VILLE FANTÔME »
« C’est une ville fantôme. Il n’y a personne le soir. Où sont les gens ? » expliquait Ali El Cheikh, qui tient un restaurant rue Barnave, à France 3 début mars. Olivier Curto, président de « Touche Pas à Mon Commerce » (TPMC), embrayait sur les causes de cette désertion : la politique de fermeture de la ville aux consommateurs extérieurs. « On veut juste un système d’accessibilité » résumait-il. Le président de l’association commerciale LabelVille confirmait lui-même : « tout piétonniser, c’est prendre des risques dans un contexte difficile ».
Olivier Curto du collectif « Touche pas à mon commerce »
LES COMMERCANTS DES QUAIS RAPPELLENT L’IMPORTANCE DE LA CLIENTÈLE EXTÉRIEURE
Les commerçants des quais ne disent pas autre chose. À propos de la réouverture à la circulation après une fermeture temporaire, le patron d’un commerce, Hilan Belhassen, explique au Dauphiné que « sans passage devant la boutique, il n’y avait plus que nos clients habituels ». L’un de ses homologues, Laurent Boursette, confirme : « il n’y a pas les potentiels clients qui passent en voiture et qui pourraient découvrir notre service ».
TOUS LES TÉMOIGNAGES CONCORDENT
Le patron des Galeries Lafayette de Grenoble, Cédric Moulart, confirme quant à lui « une accessibilité au centre-ville compliquée » et confirme avoir « clairement vu un effet Neyrpic » (DL du 23/04/25). Bref, il y a unanimité : l’accessibilité de la ville est au cœur des besoins des commerçants. Et tous ces témoignages confirment que la politique de fermeture de la ville menée tambour battant par les élus au commerce, Alan Confesson (LFI) côté ville et Barbara Schuman (ex Verts/LFI) côté métro, à chaque fois en refusant toute étude d’impact, sont contreproductifs.
Avenue Jeanne d’Arc, malgré une très forte mobilisation, les travaux devant entrainer la suppression de dizaines de places de stationnement ont démarré alors que les commerçants du secteur dépendent largement d’une clientèle extérieure.
LE COMPTOIR DE JULIE, UN RESTAURANT TUÉ PAR LA MÉTRO
Récemment, Jean-Benoit Vigny du Dauphiné Libéré est également revenu sur le cas du « Comptoir de Julie ». Ce restaurant, le seul de la rue Diderot, a dû fermer ses portes après que la métropole ait engagé des travaux qui ont fermé l’accès à la rue pendant 27 mois. L’établissement, tenu par une femme seule, Laurence Mésange, fonctionnait bien et avait résisté au COVID mais les travaux l’ont rendu inaccessible et ont fini par le torpiller.
LA GESTION MÉTROPOLITAINE CRÉE UN DRAME…
Derrière cette fermeture, il y a aussi une situation humaine dramatique. Dans le DL, Laurence Mésange témoigne de la manière dont ces travaux l’ont ruiné et ont fait de sa vie une galère sans nom : « Mon appartement était au-dessus du restaurant, et ils ont fini par me couper l’électricité (…) Quand il faisait froid, je me réchauffais dans ma voiture et j’en profitais pour recharger mon téléphone (…) J’ai postulé à une quarantaine d’emplois, j’ai même déchargé des palettes de fromages à 4 heures du matin mais mon corps n’a pas tenu trois jours ».
La fermeture de la rue Diderot a tué le comptoir de Julie et mis sur la paille sa propriétaire.
… QUI AURAIT PU ÊTRE ÉVITÉ
Le plus rageant est que cette situation aurait pu être évitée. Dès le début de la fermeture de la rue, et pendant des mois et des mois, le président du groupe d’opposition Alain Carignon a alerté la majorité métropolitaine, a sollicité sans relâche la mise en place d’une indemnisation qui aurait permis à Laurence Mésange de passer la période des travaux, et n’aurait pas coûté grand chose à la collectivité puisqu’il s’agissait du seul commerce concerné.
LA GESTION DÉSHUMANISÉE DES ÉLUS « HUMANISTES »
Christophe Ferrari et ses élus ont d’abord fait mine qu’ils allaient étudier les possibilités avant de décider de ne rien faire, jugeant « l’instruction des dossiers d’indemnisation très lourde ». Plus lourd à supporter que de mener une femme seule tout droit au RSA ? Notons aussi le comportement des élus Piollistes, dont certains à l’instar de la pathétique adjoint Lucille Lheureux osaient même s’esclaffer à l’évocation du sujet par Alain Carignon. On mesure toute la réalité de leur humanisme et de leur attention aux autres avec ce type de dossier.
RUE VAUJANY, LA SUPPRESSION DE STATIONNEMENT MENACE AUSSI UN RESTAURANT
Rue Vaujany, ce sont les travaux de l’échangeur du Rondeau qui pourraient conduire un restaurateur à la même situation. Thierry Million-Picalion, patron de « la table du parc », explique faire moitié moins de volume depuis février et le début des travaux qui ont conduit à la suppression d’une quarantaine de places de stationnement. « On circulait déjà à double sens rue Jean-Vaujany et ça se passait très bien. Je ne comprends pas pourquoi ils ont supprimé les places » explique-t-il au DL alors qu’il craint de ne pas survivre à ces travaux censés durer jusqu’à l’été.
Boulevard Gambetta, 500 000 euros pour créer des arrêts de bus puis les démolir quelques années après. Combien de commerçants aurait-on pu indemniser avec cette somme si nous n’avions pas cette gestion de canard sans tête ?
À CHAQUE FOIS, L’ABSENCE D’IMPLICATION DES ÉLUS
Là encore, un minimum d’attention des élus en charge du suivi des dossiers de travaux, des visites sur le terrain pour informer et consulter les commerçants et entreprises concernées, bref le minimum du job attendu de la part de ceux qui sollicitent nos suffrages, aurait permis d’éviter d’en arriver là. Car en matière de vitalité commerciale il ne s’agit pas de trancher des questions idéologiques : simplement de constater quelles sont les conditions qui facilitent l’activité.
DEUX CONCEPTIONS DE L’ACTION PUBLIQUE
Et en la matière deux écoles s’affrontent. Ceux qui, à l’instar d’Alain Carignon et de son équipe, partent des besoins des commerçants (attractivité, accessibilité) et proposent d’y répondre pour favoriser leur activité et avec elle tirer la ville vers le haut en termes de fréquentation et d’image.
Et ceux qui, à l’instar de Laurence Ruffin, la candidate de Piolle qui s’attaque aux entreprises créatrices d’emplois, sont pétris de certitudes idéologiques et voudraient faire plier le réel à leurs dogmes. On essaye ceux-là depuis 10 ans : on a bien vu le succès de la méthode. Et en 2026, les Grenoblois auront le choix entre poursuivre sur cette voie ou revenir à une gestion raisonnée.