Smashing Machine, le film à Oscars de Dwayne Johnson et Benny Safdie, confirme son bide avec sa sortie sacrifiée en VOD.

L’association faisait rêver. Avec Smashing Machine, Benny Safdie, connu pour ses films d’auteur réalisés avec son frère Joshua (Good Time, Uncut Gems) s’associait avec Dwayne Johnson pour un biopic autour de la star du MMA Mark Kerr. L’acteur, perdu depuis pas mal d’années dans des blockbusters fainéants et calibrés, avait bien besoin de redorer son blason. Après tout, depuis Southland Tales, Dwayne Johnson a prouvé qu’il avait un talent évident, un mélange de charisme brut et de bonhomie qui ne demande qu’à être exploitée et manipulée par les bons cinéastes, à la manière d’Arnold Schwarzenegger en son temps.

De ce point de vue là, Smashing Machine est une réussite, où le comédien rappelle toute l’étendue de sa palette, tandis que la caméra rapprochée de Benny Safdie capte toute la monstruosité de son corps de colosse. Malheureusement, l’aura de star de Dwayne Johnson et le prestige du projet (présenté à la Mostra de Venise) n’aura pas suffi à attirer le public. Le long-métrage est un bide incontestable, et son producteur et distributeur A24 va tout faire pour réduire les pertes.

Smashing Machine, Dwayne Johnson

Marche vers l’échafaudTake Kerr of Yourself

Vous commencez à connaître la chanson. Aux États-Unis, Smashing Machine est sorti en Premium VOD ce 4 novembre 2025, soit un mois après sa sortie en salles sur le territoire le 3 octobre (le film est disponible en France depuis le 29 octobre). Si la fenêtre de sortie VOD après 30 jours d’exploitation devient de plus en plus une sale habitude, ce « sacrifice » semble assez compréhensible dans ce cas précis.

Doté d’une enveloppe de 50 millions de dollars, Smashing Machine fait clairement partie du haut du panier en ce qui concerne les budgets d’A24. L’association Dwayne Johnson/Benny Safdie faisait vendre, et le film a même eu droit à une visibilité sur les écrans PLF (Premium Large Formats), en particulier du côté d’IMAX.

Dwayne Johnson et Emily Blunt dans The Smashing Machine

Pourtant, on y a cru

Néanmoins, le long-métrage a connu un démarrage très décevant sur le sol américain, ne récoltant sur son premier week-end que 5,8 millions de dollars sur 3 345 écrans. Ce faible score l’a réduit à la troisième place du classement, derrière le deuxième week-end d’Une bataille après l’autre, et derrière le phénomène Taylor Swift, qui a amassé 34 millions de dollars avec The Official Release Party of a Showgirl.

Ajoutez à ça une chute de fréquentation catastrophique de 69% sur son deuxième week-end, et Smashing Machine a dégringolé à la vitesse de l’éclair, au point de n’avoir que cinq semaines d’exploitation dans les salles américaines. Sur le week-end du 24 au 26 octobre, il n’avait plus que 86 écrans, et en a tiré… 43 000 dollars.

En soi, la carrière du film est officiellement terminée dans son territoire principal, avec seulement 11,3 millions de dollars dans sa besace. À l’international, il n’a récolté que 8,8 millions de dollars, pour un total mondial dépassant à peine la barre des 20 millions. A24 va clairement perdre de l’argent sur Smashing Machine, puisque sur ces 20 millions de dollars, la moitié (en moyenne) revient aux exploitants de salles. Le studio a donc récupéré à peu près 10 millions de dollars face à un budget de 50 millions, sans même compter les couts marketing.

Dwayne Johnson Smashing Machine

La fin des biscotos

C’est là que la VOD a du sens. Il faut battre le fer médiatique tant qu’il est chaud (ou plutôt tiède ce coup-ci), et la Premium VOD rapporte à son studio 80% des revenus. En 2023, le New York Times révélait qu’Universal avait encaissé un milliard de dollars en trois ans grâce à ce secteur, avec notamment de très gros cartons pour les blockbusters Wicked (100 millions en Premium VOD), Super Mario Bros. (75 millions) et Jurassic World 2 (50 millions).

À vrai dire, les patrons de studios avancent que ce système est devenu vertueux, en particulier pour les films plus petits ou moyens, qui deviennent difficiles à rentabiliser en salles. Smashing Machine est clairement de ceux-là, même si sa sortie précipitée en VOD implique sa disponibilité tout aussi immédiate en téléchargement illégal. On espère juste que ce flop ne découragera pas Dwayne Johnson de continuer dans cette voie, qui lui fait bien plus de bien artistiquement qu’un Red Notice, Black Adam ou Red One.