C’est fait. La Banque de France a quitté ses – désormais bien trop vastes – locaux historiques de l’hypercentre de Saint-Etienne, rue d’Arcole, pour rejoindre l’immeuble « One station » à Châteaucreux. Ses bureaux, ouverts au public depuis ce lundi, plus modernes, sont désormais calibrés sur une activité locale fortement réduite ici comme ailleurs ces 30 dernières années. 550 m2 viennent donc trouver preneurs face à la gare. Reste à savoir ce que vont devenir les 5 500 m2 laissés vacants dans l’hyper centre…

550 m2 occupés dans l’immeuble par la Banque de France à One Station contre… 5 550 jusque-là rue d’Arcole. ©If Media/Xavier Alix.

Et de quatre. C’est le quatrième déménagement de la Banque de France à Saint-Etienne depuis son implantation en 1836. « Ce qui, avec Reims, en fait la plus ancienne présence continue de la Banque de France hors Paris », remarque auprès d’If Saint-Etienne son directeur, Philippe Kiehl. Il y a d’abord eu la rue Gérentet, le long de l’hôtel de ville actuel puis la rue Rouget-de-l’Isle en 1842 et enfin la rue d’Arcole en 1886, dans ces 5 500 m2 prestigieux que la Banque de France vient de quitter. Depuis lundi, ses nouveaux locaux situés à Châteaucreux, dans l’immeuble rouge « One station » situé face à la gare, sont en mesure d’accueillir le public au 22 avenue Denfert-Rochereau via son rez-de-chaussée.

La Banque de France divise ainsi son emprise par dix, en louant ici trois niveaux cumulant environ 550 m2. Il faut dire que les précédents étaient aussi élégants que devenus surdimensionnés pour les 23 employés restant à les fréquenter (la Banque de France Loire a aussi un bureau à Roanne et compte 30 équivalents temps plein) quand ils étaient 3 à 4 fois plus nombreux dans les années 80. Gestion de surendettement local, suivi de la conjoncture économique, éducation / médiation et services aux entreprises restent les principales activités d’une implantation départementale de la Banque de France qui les a vues graduellement réduites ces 30 dernières années entre avancées technologiques permettant nombre de mutualisations (fin de la gestion de fonds liquides par exemple, réduisant les besoins en sécurité), dématérialisation, passage à l’euro ou encore l’abandon de son rôle de Banque de détail.

Un patrimoine immobilier surdimensionné  

Les effectifs totaux de la Banque de France approchaient de près les 14 000 équivalents temps plein il y a 20 ans contre 9 600 en 2022. Depuis les années 2000, de nombreuses succursales de petites et moyennes villes ont été supprimées, sinon réduites à l’état de « bureaux ». Aussi, ce service public, cependant séparé de la tutelle gouvernementale avec l’application du traité européen de Maastricht en 1993, a lancé un plan de remaniement quant à la rationalisation de son gigantesque patrimoine immobilier en 2018 : trop grand, et donc, bien trop gourmand en entretien, en charges, encore plus depuis 2022… Susceptible aussi de reventes de nombreux mètres carrés, souvent en centre-ville dans des immeubles de standing, et donc, a priori, profitables. Environ la moitié de ce plan de remaniement devant s’achever en 2030 a été exécuté. Saint-Etienne en fait naturellement partie.

Vue du parvis Pierre-Laroque / Ambroise-Croizat depuis le sommet de One-Station et depuis lequel les PMR auront accès à la Banque de France Loire. ©If Media/Xavier Alix.

La propriété de la rue d’Arcole cède donc la place à une location accessible aux PMR via le parvis Pierre-Laroque et Ambroise-Croizat. Ce qui a tout de même impliqué un investissement matériel dont la Direction nationale de la Banque de France ne veut pas communiquer le montant malgré sa dimension publique et le fait, aussi, qu’il soit au « bénéfice de prestataires locaux », souligne Philippe Kiehl. L’implantation stéphanoise reçoit physiquement, à ses guichets une quinzaine de personnes par jour, est en charge des dossiers du surendettement pour la Loire et de la Haute-Loire, réalise des études ou contribue aux études de conjoncture locales, gère des visios depuis un et demi à la demande avec des chefs d’entreprises, participe, enfin, et surtout, aux demandes nationales d’ordre économique par web ou téléphone (une cinquantaine de contacts par jour).

Quelle suite pour les 5 500 m2 rue d’Arcole ?  

Pour Philippe Kiehl, l’énergie et le coût de l’opération de déménagement est justement la preuve, après une phase de concentration des activités, d’une volonté de maintenir cette implantation locale sur le long terme. Reste qu’une autre administration publique ou parapublique quitte l’hyper centre de Saint-Etienne, le privant de la fréquentation et de la consommation quotidiennes de leurs employés. Le Centre de gestion de la fonction publique de la Loire (CDG 42) et le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT 42), situés rue d’Arcole également, doivent aussi rejoindre l’immeuble Sigale à Saint-Priest-en-Jarez. Certes, le regroupement des services centraux d’Habitat et Métropole dans l’IGH Emile-Loubet peut compenser mais au détriment, fatalement, d’autres villes du sud Loire.

Des logements ? Pas forcément, ce n’est pas encore tranché. Cela pourrait tomber bientôt car il y a des offres sur la table. 

Philippe Kiehl, directeur départemental de la Banque de France à propos des 5 500 m2 laissés vacants

Et des services tertiaires privés, bancaires, en particulier comme ceux de la Banque Populaire viennent aussi de quitter l’hyper centre pour, il est vrai maintenir des dizaines d’employés dans la ville mais à l’extrême limite de Saint-Etienne intra-muros. Que vont devenir les immenses locaux de la rue d’Arcole ? Des logements ? « Pas forcément, ce n’est pas encore tranché, répond Philippe Kiehl. Cela pourrait tomber bientôt car il y a des offres sur la table. » Là aussi, pas d’infos transmises sur l’estimation des Domaines de l’ensemble, jeu des négociations oblige.

Banque de France, 22, avenue Denfert-Rochereau 42000 Saint-Etienne. Le guichet est ouvert, sur rendez-vous prioritairement, de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 17 h du lundi au vendredi. Tel. 3414 du lundi au vendredi de 8 h à 18 h.